Publications


Bulletin complet

avec revues de presse

Bulletin N° 373 | Avril 2016

 

CIZRE: LA TURQUIE ACCUSÉE DE CRIMES CONTRE L’HUMANITÉ

Le 26 avril, l’Association turque des Droits de l’Homme (İnsan Hakları Derneği, İHD) a fait parvenir au  bureau du Haut-Commissaire des Nations unies aux Droits de l'homme (HCDH) un rapport sur les massacres de masse commis contre la population kurde dans la ville turque de Cizre. Le Président de l'Association, Özturk Turkdoğan, a accusé le gouvernement de crimes contre l'humanité, ajoutant que l’absence d’indépendance de la justice turque la rendait incapable d'évaluer correctement les actions de ses forces de sécurité.

Ce rapport de 84 pages, accessible en anglais sur le site de l’IHD (http://en.ihd.org.tr/), fait état de violations effrayantes des Droits de l’homme perpétrées durant les 79 jours de couvre-feu imposés sur Cizre du 14 décembre 2015 au 02 mars 2016, et apporte des présomptions graves de meurtres de masse de civils.

Les auteurs qui ont visité la ville après la fin du couvre-feu rapportent la destruction complète de plusieurs quartiers, comme pour la rue Yafes que, selon les témoins interviewés, les militaires ayant pris position sur la pente opposée ont continuellement bombardé au mortier et aux grenades tout en tirant à balles réelles à l’arme légère. Lors de la visite, eau et électricité étaient toujours coupés, les réseaux (y compris les égouts) ayant été détruits. Des témoins ont déclaré avoir dû quitter leurs habitations, car snipers et militaires déployés autour de l’hôpital public et sur les collines environnantes «faisaient feu sur tout ce qui bougeait». D’autres ont fait état d’avertissements lancés par haut-parleurs depuis les véhicules blindés disant: «Si vous ne quittez pas votre logement, nous ferons usage d’armes chimiques». Les militaires ont parfois incendié un immeuble entier (comme rue de Nusaybin) simplement parce qu’un slogan y avait été écrit sur un mur.

En revenant dans leurs appartements détruits, les habitants ont fréquemment constaté le pillage de leurs biens, l’électroménager trop lourd pour être emporté ayant été détruit à l’arme à feu ou brûlé. Des slogans racistes ou à connotation sexuelle menaçant explicitement les femmes kurdes ont été retrouvés sur les murs. Le rapport rappelle que le 11 février dernier, deux photos de corps féminins avaient été partagées sur les réseaux sociaux, et fait état du soupçon d’exactions sexuelles.

Des interviewés blessés durant les opérations chez eux ou dans leur jardin (donc n’ayant pas contrevenu au couvre-feu) ont témoigné avoir dû attendre une ambulance des heures. À l’hôpital de Cizre, ils n’ont été enfin traités qu’après avoir été harcelés par les forces spéciales «pour les besoins de l’enquête».

Lors de leur entrée au quartier de Cudî, également bombardé à distance à partir de l’école primaire El Ceziri, les auteurs témoignent d’une forte odeur de corps brûlés, en particulier près d’un des trois immeubles (à présent effondrés) où des civils prisonniers sont morts dans une cave. Des témoins ont rapporté avoir vu durant le couvre-feu devant ces immeubles des rangées de sacs contenant des corps avant qu’ils ne soient emportés par les forces de sécurité. Au n° 23 rue Bostanci, 26 sacs, au n° 6 rue Narin, plus de 60 sacs… Un employé municipal a témoigné que, rue Bostanci, deux corps seulement étaient entiers, mais brûlés, les autres sacs ne contenant plus que des restes pesant de 5 à 10 kg. Les avocats des familles ont indiqué que des corps ont été envoyés pour identification dans différentes villes : 78 à Habur, 13 à Şırnak, 28 à Urfa, 20 à Antep, 17 à Mardin, 6 à Malatya et 16 à Cizre même...

Les forces de sécurité apparaissent avoir systématiquement «nettoyé» les traces des crimes commis dans les caves en incendiant et détruisant les lieux et en jetant des restes humains dans le Tigre. Malgré cela, des restes brûlés (morceaux d’os, mains…) ont été retrouvés dans certaines caves. Une partie d’un bras humain a également été retrouvée (et photographiée) sous un pont sur la rive du Tigre. Les tentatives de dissimulation des exactions se sont poursuivies une fois les restes remis aux familles : pour éviter une enquête, les autorités ont imposé l’inhumation sous 24 h, se donnant le droit en cas de désobéissance de retirer les restes aux familles pour y procéder elles-mêmes!

L’İHD a demandé à l'Organisation des Nations Unies et au Comité international de la Croix-Rouge l’envoi d’une mission de surveillance en Turquie, son président demandant des réunions pour en examiner les modalités.

TURQUIE: L’IMPASSE MILITAIRE DE LA «LIGNE ERDOĞAN»

Le président turc Erdoğan a opté depuis bientôt un an pour une ligne politique de guerre civile contre la population kurde de son pays, avec un objectif qui apparaît comme hautement personnel: obtenir le soutien des nationalistes dans son projet d’établissement d’un pouvoir présidentiel. Même s’il a déclaré que le but de son action était l’éradication du PKK, l’usage systématique dans les villes kurdes du couvre-feu total donne aux opérations militaires la forme d’une guerre contre l’ensemble de la population. Quant à l’éradication prochaine du PKK… Combien de fois a-t-elle été proclamée depuis les années 80? L’Histoire a montré que les violences exercées contre les civils kurdes n’ont jamais fait qu’augmenter le soutien de la population à la guérilla. L’armée turque semble-t-elle plus proche du but cette fois-ci? En passant en revue les attaques menées par celle-ci durant le mois d’avril, il est permis d’en douter.

Le 31 mars à Diyarbakir, 7 policiers turcs ont été tués et 13 blessés par une bombe commandée à distance au passage d’un bus de la police, et qui a également blessé 14 civils. Arrivé dans la ville le lendemain 1er avril, le Premier ministre Ahmet Davutoğlu n’a pu que suivre la cérémonie funéraire des policiers tués… Durant la nuit, une autre attaque du PKK contre une installation électrique de l’armée s’est produite à Kiziltepe, dans la province de Mardin, faisant un mort civil et 18 blessés. Le 3, une autre bombe a tué 5 soldats et un officier des forces spéciales à Nusaybin, qui se trouvait pourtant sous couvre-feu depuis la mi-mars. Le 5, à Silopi, une attaque à la roquette a frappé un véhicule blindé de la police, tuant un officier et blessant 4 policiers – et menant  à l’imposition d’un couvre-feu. Le 8, de nouveau à Nusaybin, 1 officier et 4 membres des forces de sécurité ont été tués dans des affrontements avec des militants kurdes. Le 12, une autre attaque à la bombe a totalement rasé un casernement des forces spéciales à Hani (officiellement 2 soldats tués et plus de 50 personnes blessées, mais le PKK a annoncé 11 morts parmi les forces spéciales). La liste se poursuit avec le 16 la mort de 4 soldats près de Mardin (bombe contre un véhicule), le 23 celle d’un officier près de Şırnak, et d’un soldat à Nusaybin dans des combats de rue. Enfin le 29 un attentat suicide a blessé 13 personnes devant une mosquée à Bursa. L’auteur, une femme, a été désignée par les autorités comme une ancienne militante du PKK ayant aussi combattu en Syrie… Les analystes (comme les militaires turcs) s’attendent non pas à une diminution du nombre d’attaques, mais plutôt à son augmentation à la faveur du printemps, et à leur probable extension vers de nouveaux territoires. Le PKK a d’ailleurs annoncé la création d’une alliance avec d’autres groupes d’extrême-gauche pour augmenter son niveau d’action…

La guerre de M. Erdoğan vise maintenant les représentants élus de la population kurde comme tous ceux qui la soutiennent de près ou de loin ou qui osent critiquer sa politique: le 13, le gouvernement a soumis au parlement une proposition pour priver d’immunité les députés en butte à une action judiciaire. Elle ne vise évidemment pas les députés AKP soupçonnés de corruption, mais ceux du HDP! Les 316 députés AKP l’ont tous signée, et Kemal Kilicdaroğlu, leader du CHP (opposition kémaliste, ex-parti unique) a annoncé sur CNN Türk que son parti la soutiendrait – tout en déclarant qu’elle était inconstitutionnelle! Le 28, la discussion de cette proposition a provoqué des affrontements physiques entre parlementaires AKP et HDP.

Les réactions à l’international se font de plus en plus inquiètes à la perspective du chemin sur lequel M. Erdoğan entraîne le pays. Le 3, juste après la première attaque sur Nusaybin, Fédérica Mogherini, représentante diplomatique de l’UE, a appelé la Turquie à relancer le processus de paix, rappelant qu’il avait dans le passé «donné des résultats positifs et prometteurs». Deux jours plus tard, le Président turc a répondu en excluant toute reprise des discussions avec le PKK. En Allemagne, où vivent d’importantes diasporas kurde et turque, après des affrontements le 11 dans plusieurs villes, les autorités craignent un retour sur leur sol des violences kurdo-turques des années 90.

Depuis à la perte de son avion militaire le 24 novembre dernier, la Russie est en première ligne parmi les critiques de M. Erdoğan. Alexandre Lukachevich, son représentant permanent à l’OSCE, a demandé à Ankara le 15 d’« abandonner sa stratégie militaire menant à une impasse pour régler la question kurde », tout en se déclarant surpris que «les États-Unis et l’Union européenne [n’aient] pas fait de déclarations claires concernant les violences contre les Kurdes». La faiblesse des réactions occidentales est également critiquée par les Kurdes eux-mêmes: le 8, le député HDP Dirayet Tasdemir a accusé les pays occidentaux de «faire preuve d’hypocrisie envers les Kurdes en fermant les yeux sur la politique autoritariste de la Turquie à leur égard au lieu d’enquêter sur les crimes commis».

Dans plusieurs pays européens, la société civile a fait entendre des critiques. Ainsi au Royaume Uni, une campagne pour la libération d’Abdullah Öcalan a été lancée le 25 dans l’enceinte du Parlement britannique en présence de plusieurs membres des deux Chambres par une table ronde organisée par deux des plus importants syndicats du pays, Unite et GMB, avec le soutien du syndicat écossais Unison. Simon Dubbins, responsable des relations internationales de Unite y a notamment déclaré: «La violence infligée par l'État turc est la pire que j’aie jamais vue – et je suis allé en Palestine, en Colombie,  j'ai vu beaucoup de zones de conflit. Mais ce que nous avons vu à Sur [vieille ville de Diyarbakir] était absolument méprisable et vil. Ces attaques doivent cesser», ajoutant: «Donner [à Erdoğan] des millions de livres tout en le laissant faire ce qu'il veut aux gens, à la liberté de la presse, aux droits syndicaux et faire la guerre au peuple kurde, tant qu'il conserve les réfugiés loin [de l’Europe] est absolument méprisable. D'autres États, et pas seulement la Grande-Bretagne, doivent faire pression sur la Turquie pour mettre fin à cette situation.» Dubbins s’est félicité de ce que cette réunion avait «brisé un tabou» en appelant explicitement à l’intérieur du Parlement de Londres à la libération d’Öcalan, et a expliqué: «Comment peut-on avoir des négociations sincères et  durables et des résultats concrets lorsque le seul leader […] pouvant négocier et en ayant la volonté est gardé à l’isolement ? […] Même en Colombie, l’État rencontre les FARC face à face.»

KURDISTAN D’IRAK: DAECH UTILISE DES ARMES CHIMIQUES CONTRE LES PECHMERGAS

 La ville de Makhmour se trouve à 60 km au sud-ouest d’Erbil et 80 au sud de Mossoul, la «capitale» en Irak de l’organisation djihadiste Daech. Elle est donc en position stratégique comme base de préparation du prochain assaut sur cette ville. Brièvement prise par Daech en juillet 2014, Makhmour a été rapidement reconquise par les pechmergas, qui la contrôlent à présent. Des éléments de l’armée irakienne s’y trouvent également, en prévision justement de l’attaque sur Mossoul. Les pechmergas n’expriment cependant pas une grande confiance en les capacités des soldats irakiens. Un commandant kurde déclarait récemment que l’armée irakienne n’était pas capable de reprendre Mossoul, et un pechmerga de Makhmour affirmait à un intervieweur  n’avoir strictement aucune confiance en les Irakiens: «Nous nous battons pour reprendre notre terre [alors que] pour eux c’est une guerre de religion», expliquait-il.

Les opérations militaires pour reprendre Mossoul, lancées le 24 mars dernier, ont déjà provoqué le déplacement de près de 20 000 personnes, et Daech lance des attaques incessantes sur Makhmour. L’organisation djihadiste a peut-être perdu durant ces derniers mois de nombreux territoires en Irak comme en Syrie, mais elle conserve clairement sa motivation et sa capacité meurtrière sur le terrain: le 1er du mois elle a envoyé vers Makhmour quatre véhicules porteurs de bombes, parvenant ainsi à tuer onze membres des forces de sécurité kurdes et à en blesser une douzaine d’autres. Le même jour, une roquette a frappé la ville sans causer de victimes. Le lendemain, les djihadistes ont également lancé une attaque pour reprendre des zones de l’ouest du Sindjar qu’ils avaient perdues récemment. Les Yézidis des YBS (Unités de Résistance du Sindjar), alliés à des combattants arabes des Nawader al-Shammar, les ont repoussés en leur infligeant de lourdes pertes : au moins 32 djihadistes tués, de nombreux blessés.

Bien qu’ils considèrent être moins bien équipés et protégés que les soldats irakiens, les pechmergas s’organisent pour répondre à ces assauts. Le 4, la 9e Brigade de pechmergas a annoncé avoir déployé une dizaine de drones de type mini-hélicoptère et munis de caméras pour observer les mouvements des djihadistes. Cependant, le même jour, Masrour Barzani, responsable du Conseil de sécurité du Kurdistan, a dans une interview avec CBS News fait part de son inquiétude : combien de temps les pechmergas pourront-ils continuer à combattre alors qu’ils n’ont pas été payés depuis quatre mois? La question se pose avec d’autant plus de force que, face à la résistance opiniâtre des Kurdes, les djihadistes n’hésitent pas à recourir à l’arme chimique.

Daech, qui avait déjà fait usage des armes chimiques le mois précédent – tout d’abord du chlore, puis ensuite des gaz militaires – les a de nouveau employées à plusieurs reprises en avril. On estime que les différentes attaques chimiques de Daech à l’est de la province de Mossoul ont fait une trentaine de morts et de blessés chez les pechmergas, et que près de 200 personnes au total, dont des enfants, ont dû être traitées dans les hôpitaux de la Région du Kurdistan. Le 12, Jean-Yves Le Drian, le Ministre français de la défense, qui s’était rendu sur la ligne de front non loin d’Erbil, a confirmé que Daech avait bien fait usage de gaz moutarde contre les pechmergas. Et le 20, les djihadistes ont lancé près de Makhmour une nouvelle attaque chimique.

Les Kurdes connaissent hélas bien les armes chimiques. Celles-ci ont été massivement utilisées contre eux en 1987-1988 par l’armée du régime de Saddam Hussein lors des opérations génocidaires de l’«Anfal». La ville de Halabja notamment avait subi le 16 mars 1988 un bombardement chimique au gaz moutarde qui avait fait 5 000 victimes civiles. Les  Occidentaux, qui soutenaient alors l’Irak de Saddam contre l’Iran de Khomeiny, avaient conservé un silence assourdissant. Ces opérations ont été reconnues comme génocidaires par la Suède et la Norvège en 2012, puis par le Royaume Uni et la Corée du Sud en 2013. En Irak même, près de 30 ans après les événements et 13 ans après la chute du régime de Saddam Hussein, la reconnaissance de cette tentative de génocide ne va toujours pas de soi: le 13 de ce mois, lorsque des députés kurdes ont demandé au président du Parlement de Bagdad Salim Al-Jabouri la publication d’excuses officielles pour ces opérations, une bagarre a éclaté entre députés kurdes et députés de la coalition «Etat de la Loi». Un député kurde a déclaré que les victimes de l’Anfal et des membres de son groupe parlementaire avaient été insultés…

Plus récemment, en août 2012, Barack Obama avait déclaré que l’utilisation d’armes chimiques par le régime de Damas constituerait une «ligne rouge» qui déclencherait une intervention militaire… avant de faire marche arrière. Mais en Syrie aussi, des armes chimiques ont été ce mois-ci utilisées contre les Kurdes, non pas par Daech, mais par d’autres membres de l’opposition syrienne soi-disant modérée: le groupe rebelle Jaysh al-Islam a annoncé le 11 du mois qu’il allait faire passer en jugement l’un de ses commandants pour en avoir employé à Alep au cours de combats contre les combattants kurdes des YPG. L’information est plutôt embarrassante  pour la coalition anti-Daech, qui considère Jaysh al-Islam comme un allié. Pourtant, le groupe avait bel et bien participé avec Daech à la prise de Raqqa, avant que l’organisation djihadiste ne se retourne contre lui et ne l’en expulse…

Concernant le matériel et les soldes des pechmergas, le Gouvernement régional du Kurdistan, après des discussions à haut niveau avec ses homologues américains, a finalement réussi à obtenir un soutien financier des États-Unis: le Secrétaire américain à la Défense Ash Carter a le 19 lors d’une visite à Bagdad annoncé non seulement que les États-Unis allaient augmenter le nombre de leurs troupes en Irak et y déployer des hélicoptères Apache AH-64, mais aussi qu’ils financeraient les peshmergas jusqu'à un montant de 415 millions de dollars, dans le cadre des efforts pour reprendre Mossoul. En ajoutant les fonds nécessaires à la création de deux nouvelles brigades, l’aide financière des États-Unis aux pechmergas se montera à 900 millions de dollars.

Les préparatifs s’intensifient donc contre Daech. Le 17, des leaders de tribus sunnites du sud de la province de Kirkouk ont annoncé qu’ils combattraient les djihadistes aux côtés des pechmergas kurdes. Massoud Barzani a approuvé cette décision, déclarant qu’il s’agissait pour eux de participer à la reprise de leurs propres territoires. Le 21, les pechmergas ont repoussé une attaque-suicide de Daech sur Shingal (Sindjar), et le 30, une nouvelle attaque au sud-est de la ville de Mossoul. Le même jour, ils ont repris aux djihadistes un village au sud de Kirkouk.

IRAK: DES RELATIONS BAGDAD-ERBIL DANS L’IMPASSE

 Va-t-on vers un divorce croissant entre le Kurdistan irakien et le reste du pays ? En tout cas, les Kurdes sont de moins en moins nombreux à Bagdad. Les chiffres officiels montrent que près de 40% des 500 000 Kurdes de Bagdad, souvent pris pour cibles de chantages ou d’attaques, ont quitté la capitale depuis la chute du régime de Saddam Hussein en 2003: il ne sont plus que 300 000. L’exode a surtout été sensible depuis deux ans. Au moment où il est question au Kurdistan d’un référendum d’autodétermination à tenir avant la fin de l’année, le gouvernement central et celui de la Région du Kurdistan (GRK), s’ils sont certes alliés dans la lutte contre Daech, ont toujours des relations tendues. Les désaccords persistent notamment sur la gestion des hydrocarbures, Bagdad considérant les ventes directes opérées par la Région du Kurdistan comme illégales. En représailles, l’ancien Premier ministre Maliki avait il y a près de deux ans décidé de cesser de verser à la Région du Kurdistan les 17% du budget fédéral qui sont censés lui revenir. Les versements n’ont jamais repris depuis, même s’il y a quelques semaines, le successeur de Maliki, Haider Al-Abadi, a proposé de payer les fonctionnaires de la Région du Kurdistan en échange d’un arrêt des exportations directes de pétrole du GRK…

Autre point de tension entre Bagdad et Erbil, après l’attaque de Daech en juillet 2014, les Kurdes ont pris le contrôle de la plupart des territoires disputés entre GRK et Bagdad, et notamment celui de Kirkouk, où se trouvent justement d’importantes ressources pétrolières. Courant mars dernier, la North Oil Company, dépendant du gouvernement central, a cessé de pomper le pétrole de Kirkouk dans le pipeline l’exportant vers la Turquie. Au tout début d’avril, un espoir de compromis est né lorsque le Premier ministre irakien a proposé comme Ministre du pétrole de son futur gouvernement un géologue kurde. Consultant spécialiste du pétrole, Nizar Mohammed Salim Doskî, doyen de la faculté de planification à l’université de Dohouk, qui avait enseigné 30 ans à l’Université de Mossoul, a d’ailleurs déclaré qu’il espérait que « les différences entre Bagdad et le Gouvernement régional du Kurdistan pourraient être résolues ». Mais l’espoir d’une nouvelle donne a été de courte durée: dès le 2, Doskî a retiré sa candidature «en raison de l’absence d’accord politique sur la forme du futur gouvernement» - une périphrase signifiant que Bagdad avait omis de discuter sa nomination avec les partis politiques kurdes. Or ceux-ci ont deux exigences: 1- Ils veulent au gouvernement central irakien une proportion de représentants kurdes qui soit en rapport avec celle des Kurdes dans la population du pays, et 2- Ils ne sont pas prêts à se voir imposer des Kurdes choisis directement par Bagdad sans qu’ils aient eu leur mot à dire. Le 3, Fadel Miranî, secrétaire du Bureau politique du PDK, a déclaré que les différents groupes kurdes au parlement irakien s’étaient mis d’accord pour refuser de participer au gouvernement si le nombre de ministres kurdes n’était pas augmenté. Les Kurdes demandent 20% des postes ministériels, alors qu’ils n’ont reçu que 2 postes sur un gouvernement de 16 ministres, soit 12,5%. Le 4, Beriwan Khilani, une députée irakienne membre du PDK, a accusé le Premier ministre de chercher à utiliser la «réforme» pour marginaliser encore davantage les Kurdes et les exclure du processus politique dans le pays. Le 17, deux des principaux partis kurdes d’Irak, l’UPK et le PDK, ont publié une déclaration conjointe selon laquelle ils ne soutiendront pas le nouveau gouvernement car il n’a pas fait l’objet d’un accord avec la Région du Kurdistan. La déclaration réitérait également le droit des Kurdes à l’autodétermination au travers d’un référendum «qui se tiendra comme prévu».

La situation politique et économique difficile que connaissent tant Bagdad qu'Erbil ne rendent certainement pas leurs relations plus faciles. C’est sous une forte pression des partisans de Moqtada Sadr, descendus dans la rue pour protester contre la corruption générale, que le Premier ministre irakien tente de mettre en place un nouveau gouvernement «technocratique» théoriquement capable d’y mettre fin. Mais sa tentative l’a mené à un véritable bras de fer avec le Parlement  irakien, qui a refusé d’accepter la nomination de plusieurs ministres. Le 27, après de nombreuses péripéties, dont une suspension des sessions du parlement et le remplacement (contesté par une partie des parlementaires) du président du parlement, les députés irakiens ont finalement approuvé cinq des nominations qui leur étaient soumises: les ministres de l’Électricité, de la Santé, de l’Éducation supérieure, du Travail et des Ressources en eau…

La Région du Kurdistan est de son côté également en crise politique et en situation économique difficile: son Vice-Premier ministre, Qubad Talabani, a déclaré le 14 qu’elle souffrait d’un déficit de 100 millions de dollars par mois. Lors d’une conférence du MERI, un institut de recherche basé à Erbil, l’économiste américain Franck Gunter y a par ailleurs estimé le nombre de chômeurs à 620 000… et averti qu’il continuerait à augmenter tant que la situation actuelle se perpétuerait.

Politiquement, le parlement d’Erbil ne fonctionne toujours pas, ce qui pose plusieurs problèmes juridiques concrets. Par exemple, la loi anti-terrorisme qui donne en partie son cadre à la lutte contre Daech expire le 26 juillet prochain: comment la prolonger légalement? Soran Omer, président de la Commission des Droits de l’homme du parlement, a déclaré que celui-ci avait accepté une première extension l’an dernier à condition que la loi puisse être amendée sous six mois. Une nouvelle extension nécessiterait la réactivation du parlement… Il en est de même pour le référendum d’autodétermination annoncé par le Président Massoud Barzani pour avant la fin de l’année: le 10, le secrétaire du Parlement, Fakhradin Qadir, a précisé qu’une résolution préparatoire avait déjà été soumise au Parlement à ce propos, mais qu’aucune décision n’avait pu être prise en raison du non-fonctionnement de l’institution… Le 12, Hendren Mohammed Salih, le Président de la Haute Commission Électorale Indépendante du Kurdistan a déclaré que celle-ci avait bien la capacité technique d’organiser le référendum au moment annoncé, mais qu’elle avait besoin pour ce faire d’une demande officielle suivant un Acte du Parlement qui définirait le budget à allouer à la consultation et – point politiquement très sensible – déciderait si celle-ci doit ou non concerner les territoires dits «disputés», situés hors des frontières officielles de la Région du Kurdistan.

Dans ces territoires précisément, les tensions entre forces militaires relevant des deux gouvernements sont permanentes. Le 18, après que le gouvernement central ait annoncé qu’il allait faire revenir son armée à Kirkouk, les pechmergas kurdes, qui contrôlent présentement la ville, ont déclaré qu’ils ne permettraient pas ce retour: «Kirkouk est protégé par les pechmergas et nous n'avons pas besoin à présent d’une autre force», a déclaré le Brigadier général (pechmerga) Mariwan Mohammed, ajoutant: «Quand le peuple de Kirkouk a eu besoin d’eux, ils se sont enfuis… C’est pourquoi nous ne les autoriserons pas à revenir». En effet, les soldats irakiens avaient en juillet 2014 fui Kirkouk comme Mossoul – mais dans cette dernière ville, les pechmergas kurdes les ont immédiatement remplacés pour empêcher sa prise par les djihadistes. Le gouverneur de la province de Kirkouk, le Dr. Nejmeddin Karim (un Kurde proche de l’Union patriotique du Kurdistan) a officiellement refusé à l’armée irakienne l’entrée dans la ville, bloquant ainsi la décision de Bagdad. Kirkouk a une population ethniquement diverse, Kurdes, Arabes et Turkmènes, et certains résidents de cette dernière communauté, ne souhaitant pas le retour des soldats irakiens, ont appuyé une proposition de création d’unités locales de défense qui refléterait cette diversité. Toujours le 18 avril, le Président Massoud Barzani, a déclaré: «Le sort de Kirkouk se trouve entre les mains de ses résidents, qui vont voter sur l'avenir de la ville».

Mais le lieu de toutes les tensions depuis quelques semaines est la petite ville de Tuz Khurmatu, au sud-est de Kirkouk. Située au Kurdistan, mais comportant une forte communauté turkmène et chiite, elle comprend aussi des quartiers kurdes et arabes sunnites. Y sont présents des miliciens chiites Hashid al-Shaabi comme des pechmergas kurdes, entre lesquels la tension augmente depuis plusieurs mois. La ville avait connu des meurtres et des kidnappings, puis, selon la municipalité, les tensions avaient baissé après un accord entre pechmergas et al-Shaabi. D’après plusieurs témoignages, pourtant, certains bâtiments administratifs contrôlés par un camp étaient de fait inaccessibles aux membres des autres communautés… Puis le 23, des échanges de tirs à l’arme automatique et d’obus de mortier entre milices chiites et pechmergas on fait au moins 12 morts. Les pechmergas attribuent les combats au lancer d’une grenade sur le QG d’un parti kurde, ayant fait plusieurs morts et blessés – alors que la milice chiite al-Shaabi raconte exactement l’inverse. Le 24, de nouveaux combats ont éclaté entre les mêmes protagonistes, des sources kurdes faisant en plus état de la présence de militants du Hezbollah libanais et de soldats iraniens aux côtés des milices chiites.

Afin de faire baisser la tension, le Dr. Nejmeddin Karim, gouverneur de la province de Kirkouk, et un commandant des al-Shaabi ont donné une conférence de presse commune, durant laquelle ils ont insisté sur la nécessité de s’unir face à l’ennemi commun. Cependant, après l’annulation d’une réunion sur place suite à la mort accidentelle d’une dirigeante de l’UPK, et malgré la conclusion d’une trève, les heurts ont continué. Le 27, trois officiers arabes sunnites de la police de Tuz Khurmatu ont été tués et deux autres blessés par des tirs de miliciens chiites sur leur voiture (d’autres sources irakiennes ont attribué la mort des policiers à un sniper des pechmergas). Finalement, le 28, afin d’éviter de nouveaux combats, les deux camps ont décidé de retirer leurs combattants respectifs de la ville et de laisser la police locale en assurer le contrôle. Ces derniers événements de Tuz Khurmatu laissent présager un «après-Daech»  difficile.

Le contact Erbil-Bagdad n’est pas rompu, puisque des délégations kurdes, soit du GRK, soit de différents partis politiques, continuent à se rendre régulièrement dans la capitale irakienne. Mais jusqu’à présent le blocage quant à la gestion des hydrocarbures demeure.

YEZIDIS: 3500 FEMMES ET ENFANTS TOUJOURS ENTRE LES MAINS DE DAECH

Le 1er avril, les YPG (combattants kurdes de Syrie affiliés au PYD) ont libéré des mains de Daech 53 yézidis, 12 femmes et 41 enfants, qui ont pu regagner le Sindjar (en kurde Shingal). Selon la députée yézidie irakienne Vian Dakhil, l’organisation djihadiste détient encore 3500 femmes et enfants yézidis. Un certain nombre de captives yézidies utilisées comme esclaves sexuelles ont été transférées loin d’Irak, jusqu’au Pakistan ou en Afghanistan.

Le 21, le parlement britannique a reconnu à l’unanimité par 278 votes le génocide des Yézidis par l’organisation djihadiste Daech. Le gouvernement s’était abstenu de décrire comme un génocide la violence exercée par Daech contre les Yézidis, les chrétiens et les musulmans chiites au Moyen-Orient, déclarant que la question relevait de la Cour pénale internationale. Mais la CPI ne peut pas porter un jugement sur la qualification des actes en question s’il ne lui est pas demandé de le faire. C’est pourquoi le vote du parlement est important. La motion parlementaire a également appelé le gouvernement britannique à demander immédiatement au Conseil de sécurité des Nations Unies de donner compétence à la CPI sur la question «afin que les auteurs puissent être traduits en justice». Le Secrétaire d'Etat américain John Kerry, la Chambre des représentants des États-Unis, le Parlement européen et l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe ont déjà tous déclaré considérer les actions du groupe djihadiste comme un génocide.

Le 29 à Bagdad, la députée yézidie irakienne Vian Dakhil a déclaré à une conférence de presse que le Parlement irakien venait de déclarer Sindjar comme ville en état de catastrophe. «L’Etat islamique – a-t-elle ajouté – a détruit les lieux de culte yézidis et ceux de nos frères chiites aussi. 95% des maisons à Sindjar sont détruites, et les yézidis ont souffert de la captivité, des enlèvements, et on estime que 28 fosses communes y ont été découvertes, la plupart contenant des femmes et des enfants, qui ont été tués par balles et par derrière». C’est au cours de cette conférence de presse que la députée yézidie a estimé à 3 500 le nombre de yézidis portés disparus, dont selon toute vraisemblance la majorité est encore captive des djihadistes.

En début de mois, le Ministre des affaires des martyrs et de l’Anfal du GRK avait estimé quant à lui que 25 fosses communes découvertes dans la région du Sindjar depuis sa libération de Daech contenaient un millier de yézidis assassinés par les djihadistes.

ROJAVA: LE FÉDÉRALISME DES KURDES FAIT DÉBAT, AFFRONTEMENTS AVEC LE RÉGIME À QAMISHLO

Alors que jusqu’à présent les combattants kurdes du PYD (Parti de l’unité démocratique) et les forces du régime de Bachar Al-Assad avaient pu en général éviter les affrontements directs, des heurts assez violents ont ce mois-ci éclaté à Qamishlo (nom arabe Qamishli), ville majoritairement kurde de la Djézireh, à l’est du pays, où le régime conserve le contrôle de certains quartiers et de l’aéroport. Ces affrontements se sont produits dans le contexte de la proclamation unilatérale le 17 mars dernier d’une «Région fédérale» dans le nord syrien par le Conseil démocratique syrien (CDS), expression politique des Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance militaire essentiellement organisée autour du parti PYD et de ses combattants des YPG (hommes) et des YPJ (femmes).

Par ailleurs, alors que le régime a décidé le 22 février d’organiser en avril des élections législatives dans les territoires qu’il contrôle, les Kurdes du PYD ont annoncé le 3 avril qu’ils s’opposeraient à leur tenue dans leurs régions, argumentant que ses habitants avaient déjà voté pour établir l’administration actuellement en place, et que la nouvelle entité fédérale avait vocation à s’étendre à l’ensemble de la Syrie. Le 13, l’administration des trois cantons de Kobanê, Afrîn et Djézireh a annoncé qu’elle boycotterait la consultation, la qualifiant de «théâtre»: «[Nous] n’avons rien à faire avec les élections d’Assad et recherchons une nouvelle administration pour l’ensemble de la Syrie», a déclaré un ancien officiel kurde de Kobanê.

L’opposition syrienne comme le régime ont rejeté l’établissement de cette administration fédérale: le 1er du mois, Samir Alta, membre du Forum démocratique de Syrie, a déclaré que l’établissement d’un système fédéral dans le pays devrait faire l’objet d’un référendum national, et le 6, Haytham Manna, figure de longue date de l'opposition syrienne et jusqu’alors l’un des co-présidents du CDS a annoncé qu'il s’en était retiré le 19 mars en raison de son désaccord avec la proclamation du 17 mars.

Les autorités de la nouvelle Région fédérale ont mis en place une conscription obligatoire pour tous et ont commencé immédiatement à l’appliquer en recrutant et en entraînant leurs propre armée, les«Forces autonomes de protection» (FAP). Les recrues, qui comprennent des Kurdes, des Arabes et des Chrétiens, doivent suivre un entraînement de neuf mois organisé par les YPG. Le PYD avait établi une période de service militaire de six mois – parfois déjà contestée par des jeunes que l’armée syrienne cherchait parfois également à incorporer – qui se trouve donc allongée de 3 mois supplémentaires. Les nouvelles unités des FAP ont commencé à se déployer en arrière de la ligne de front avec Daech pour assurer la sécurisation et le contrôle des territoires pris aux djihadistes par les YPG et les FDS, qui demeurent en première ligne.

Les Kurdes ne sont pas seulement en butte aux attaques de Daech. Le 12, une commandante des YPJ d’Afrin, le «canton» le plus à l’ouest du Rojava (Kurdistan de Syrie) a expliqué que les Kurdes y étaient attaqués sur quatre fronts différents: le groupe Al-Nosra, Jaysh al-Islam, Ahrar al-Sham, d’autres groupes armés…  sans compter l’hostilité incessante de la Turquie.

Les FDS continuent de se trouver au cœur du dispositif local de l’alliance internationale contre Daech. Le 1er avril, Salih Muslim, co-président du PYD, a annoncé que les FDS se préparaient à présent à reprendre Raqqa, ajoutant que les YPG auraient besoin de jusqu’à 50 000 résidents arabes de la région de Raqqa pour reprendre la ville. Les combattants des FDS tentent en parallèle de prendre le contrôle du corridor de 70 km reliant Raqqa à la Turquie afin de couper les djihadistes de la frontière. Le 15, le Président Obama a confirmé l’envoi au Rojava de 250 militaires supplémentaires, incluant des Forces spéciales. 50 soldats américains sont déjà déployés sur place depuis novembre 2015. Le 28, 150 militaires américains sont effectivement arrivés à Rumeilan, ce qui a porté le nombre de militaires américains au Rojava à 300. Ce choix d’alliance des États-Unis cause des tensions de plus en plus vives entre ce pays et la Turquie, dans un contexte où le Département d’État exprime de plus en plus clairement ses inquiétudes par rapport à la situation des droits de l’homme en Turquie et à la dérive autoritaire du président Erdoğan.

Le 20, l’opposition syrienne a annoncé qu’elle quittait Genève après que des frappes aériennes sur des marchés aient tué 47 personnes dans la province d’Idlib, dans le Nord-Est du pays. Les délégués de l’opposition avaient déjà la veille suspendu leur participation aux discussions, mais n’avaient pas encore décidé s’ils quittaient ou non la ville.

C’est également le 20 que des affrontements sévères ont débuté dans la ville de Qamishlo, dans le canton le plus oriental du Rojava, celui de la Djézireh, où le régime contrôle certains quartiers de la ville ainsi que son aéroport, et une partie de la ville de Hassaké, plus au sud. Les combats ont opposé l’armée syrienne et des milices pro-régime aux forces de sécurité kurdes (Asayish), bientôt rejointes par les YPG. Il semble que les heurts aient fait suite à un différend le 19 à un point de contrôle, lors duquel des paramilitaires pro-régime ont arrêté deux membres des YPG avant de les transférer à Damas. Les affrontements, qui se sont poursuivis le 21, ont fait 30 morts chez les forces du régime, dont 50 membres se sont par ailleurs rendus aux Kurdes. Les tirs ont continué le 22, les forces pro-régime ayant notamment depuis les quartiers qu’ils contrôlent bombardé le reste de la ville à l’artillerie, tuant 5 civils et en blessant 22.

Le 23, une rencontre entre Kurdes et officiels de Damas arrivés par avion s’est tenue à l’aéroport. Elle a permis de conclure une trêve d’une durée indéfinie. D’après une déclaration des Asaysh kurdes, 17 civils, 10 combattants kurdes et 31 membres des forces du régime ont été tués durant ces trois jours de combats successifs.

Cependant, il semble que Daech ait tiré de ces événements l’opportunité de rappeler son existence aux forces tenant la ville : le 30, un attentat suicide à Qamishlo a fait cinq victimes parmli les Asayish kurdes.