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Bulletin N° 357 | Décembre 2014

 

KURDISTAN D’IRAK : LES PESHMERGAS REPRENNENT SINDJAR

Le 17 décembre, une offensive des Peshmergas, appuyée par les frappes aériennes de la Coalition, a permis de chasser l’EI de plusieurs villages au sud de Zummar et près de la frontière syrienne, ce qui allait faciliter leur avancée vers les monts Sindjar, où des milliers de yézidis étaient, depuis août, assiégés par les djihadistes. 

 

Cette offensive, qui avait pour but de reprendre Sindjar, s’est poursuivie les 18 et 19 décembre, toujours dans une coopération entre forces aériennes et Peshmergas, avec, à Sindjar même, l’appoint des unités armées yézidies qui résistent à Daesh depuis l’été, et de YPG venus du côté syrien.

 

Le 19 décembre, les communiqués annonçaient que les Peshmergas étaient parvenus au mont Sindjar (Shingal en kurde) et que le siège des yézidis avait été enfin brisé. Coïncidence, ces succès militaires et la libération de Sindjar ont eu lieu lors de la grande fête solsticiale des Yézidis, qui observent un jeûne d’hiver diurne de trois jours. Massoud Barzani, le président du Kurdistan, leur adressant ses vœux à cette occasion, s’est ainsi dit « heureux de pouvoir offrir ce succès sans précédent des Peshmergas à l’occasion de la Fête. Les succès des Peshmergas sont le cadeau le plus approprié que je puis offrir aux Yézidis ».

 

Joint par l’AFP, Faisal Saleh, un des yézidis restés bloqués dans les montagnes tout l’automne, a estimé que les Peshmergas avaient libéré environ 70% des monts Sindjar, et que l’EI tenait toujours la partie sud. Dans leur fuite, les hommes de Daesh ont détruit à l’explosif plusieurs maisons dans les villages qu’ils tenaient auparavant.

 

Deux corridors de sécurité ont rapidement été mis en place par les Peshmergas afin de permettre à la population assiégée dans les sommets de redescendre enfin et de pouvoir être évacuée vers les zones sûres du Kurdistan. En attendant, le Gouvernement régional kurde avait fait partir vers Sindjar un convoi de 32 camions, apportant de la nourriture, des tentes et du matériel médical.

 

Le 20 décembre, les Peshmergas entraient dans la ville de Sindjar par l’est, rencontrant une résistance de la part des combattants Daesh ,qualifiée d’abord de « légère » par le porte-parole du PDK, qui s’est intensifiée lors de l’avance kurde vers le centre-ville. Les Peshmergas doivent progresser avec précaution en raison du grand nombre de bombes et divers pièges explosifs avec lesquels l’État islamique truffe toutes les positions dont il se retire. 

 

Le 22 décembre le bilan était de 25 blessés et de deux morts parmi les Peshmergas. Un journaliste de Rudaw, a rapporté avoir vu de ses yeux les corps d’environs 70 combattants djihadistes, tandis que les forces kurdes évaluaient les pertes ennemies à plus de 220 tués.

 

Par ailleurs, des charniers sont peu à peu découverts par les Peshmergas au fur et à mesure de leur avancée, confirmant les rumeurs de massacres par Daesh contre les yézidis. Les corps de 70 Kurdes yézidis, dont des femmes et des enfants, ont ainsi été exhumés près d’un village au nord-est de la ville de Sindjar, comme le rapporte un yézidi à l’agence Anatolie, qui a indiqué que les victimes avaient été exécutées par balles, et que leurs vêtements les identifiaient formellement comme étant yézidis.

 

Le président Massoud Barzani est venu en personne à Sindjar, pour féliciter les Peshmergas. 

 

Envisageant la situation politique de la région de Sindjar une fois la guerre terminée, un porte-parole du PDK a assuré aux Yézidis que son administration et sa sécurité seraient, à l’avenir, entre leurs mains dans une forme d’autonomie administrative et de défense, au sein du GRK, dispositif qui sera sans doute aussi appliqué pour des localités à forte population chrétienne, comme Al-Qosh :

 

« Des milliers de Yézidis ont rejoint volontairement les forces Peshmergas. Nous avons formé une brigade de Yézidis, dont les membres se battent sur le front en ce moment. Ils sont tous entraînés et peuvent protéger la sécurité des régions yézidies. Nous avons actuellement [aussi] un millier d’officiers de police qui peuvent être employés pour la protection des zones récemment libérées. »

 

La tragédie d’août dernier avait été causée par la retraite soudaine des unités Peshmergas basées à Sindjar, sans qu’ils laissent à la population yézidie le temps d’être évacuée sur Erbil ou Duhok (comme ce fut le cas pour les chrétiens de Qaraosh), ce qui a laissé un sentiment d’amertume aux Yézidis, dont certains estiment avoir été sacrifiés par leurs compatriotes, en raison de leur religion. Pourtant, les principaux officiers mis en cause ont été rapidement mis aux arrêts et font l’objet d’une enquête sur leur responsabilité et faute éventuelles. Une commission mise en place par la présidence a déjà interrogé 200 officiers Peshmergas en vue de possibles sanctions disciplinaires.

 

Halgurd Hikmat, le responsable de la communication et des media au sein du ministère des Peshmergas, a précisé que cette commission comprenait un juge, un représentant de son ministère et un représentant de la présidence, et qu’ils étaient sur le point d’achever leur enquêtes. Tous les témoignages des officiers et commandants interrogés seront compilés dans un rapport qui sera ensuite envoyé directement au président Barzani, puisqu’il est aussi le chef des forces armées au Kurdistan. Halgurd Hikmat a aussi ajouté que beaucoup des officiers mentionnés dans le rapport ont été renvoyés au front, où ils combattent actuellement l’État islamique, de Sindjar à Khanaqin, et remportent de conséquents succès militaires : « Quand l »EI a attaqué, nous n’étions pas prêts. D’où les revers initiaux. »

 

Jabar Yawar, secrétaire général du ministère des Peshmergas, n’écarte pas la possibilité de sanctions disciplinaires pour certains officiers et assure que son ministère respectera les conclusions de cette enquête : « Je crois que certains pourraient être sanctionnés car cette commission est très sérieuse. »

 

 

Enfin, la fin de l’année 2014 a été une fois de plus assombrie par la décapitation filmée de 3 Peshmergas tombés aux mains de Daesh dans la région de Sindjar. La mise en scène est immuable : les condamnés sont vêtus d’une combinaison orange rappelant la tenue des prisonniers de Guantanamo, entourés de leurs bourreaux, dont les visages sont restés masqués.

 

SYRIE : LES KURDES REPRENNENT PEU À PEU LE CONTRÔLE DE KOBANÎ

Le 3 décembre, un deuxième contingent de 150 Peshmergas, venus du Kurdistan d’Irak, a rejoint Kobanî afin de remplacer le premier contingent qui s’est porté au secours de la ville assiégée en novembre dernier. D’après l’agence turque Anatolia, ils seraient équipés d’un armement sophistiqué. Les Peshmergas ont fait état de 13 blessés depuis leur entrée dans la ville syrienne ; quatre d’entre eux ont été évacués au Kurdistan d’Irak pour y être soignés.

Interrogés par la presse, le premier contingent de retour a dit regretter de rentrer sans avoir encore vu la ville libérée, mais l’un d’eux a assuré au journal Rudaw que le moral à Kobanî avait énormément changé depuis novembre : « Quand nous sommes entrés dans la cité assiégée, les YPG n’en contrôlaient plus qu’à peu près 15 % alors que maintenant, plus de la moitié de la ville est sous contrôle kurde. »

Si les Peshmergas sont peu à peu armés depuis août par les puissances occidentales, il n’en va pas de même des YPG, qui suscitent la méfiance des États-Unis (et l’hostilité de la Turquie) en raison de leur lien étroit avec le PKK. Mais plusieurs rencontres ont déjà eu lieu, notamment en novembre, entre le président du PYD, Salih Muslim, et des responsables américains, rencontres qui avaient peut-être eu pour effet que la Turquie accepte à contre-cœur de laisser passer les Peshmergas sur son sol pour qu’ils gagnent Kobanî. Cette fois, Salih Muslim essaie de persuader les États-Unis d’armer à leur tour les YPG, en donnant l’assurance que ces armes ne seraient pas « transférées » au PKK et dans une interview accordée au journal turc Hürriyet News le 8 décembre, le leader du PYD nie les propos d’Erdogan qui avait déclaré, le 25 octobre, qu’il s’était opposé à la venue des Peshmergas : « Nous n’avons jamais été contre une coopération entre les Peshmergas et les Kurdes syriens. Bien que des questions sensibles se soient élevées entre ces groupes auparavant, l’EI, maintenant, a poussé les Kurdes à se rassembler, ce qui est une très bonne chose.  Nous ne sommes pas non plus contre l’amélioration des relations entre les Kurdes et la Turquie. Nous souhaitons seulement que la Turquie soit avec nous et contre l’EI. Si cela avait été le cas, tout aurait été très différent pour la Turquie, pour nous et pour tous les peuples du Moyen-Orient. »

Salih Muslim a reconnu que les Peshmergas avait « fait une différence’ à Kobanî" sur le plan militaire et, interrogé sur le président syrien Bashar Al Assad, s’est prononcé, cette fois sans ambiguité, pour son départ : « Nous sommes ceux qui voulons le plus qu’Al-Assad parte. Nous avons la même position que la Turquie à ce sujet. La Turquie, cependant, veut parvenir à ce but en soutenant les groupes salafistes, auxquels nous sommes opposés. »

Le 9 décembre, le même Salih Muslim rencontrait à Erbil l’ancien ambassadeur des États-Unis en Irak, Zalmay Khalilzad, au sujet d’une future coopération militaire qui aurait pour résultat de chasser l’EI de Kobanî. Mais la libération totale de ce « canton » est loin d’être aisée, malgré l’apport en armes et en hommes du Kurdistan d’Irak et les frappes aériennes de la Coalition. Plus encore qu’à Sindjar, les combattants du Dash s’accrochent à leurs positions dans la ville, et la reconquête kurde se fait très lentement, presque maison par maison, dans des quartiers en ruines et souvent piégés par des bombes ou défendus par des snippers. Le 23 décembre, un chef de district, Anwar Muslim, estimait que les Daesh tenaient encore un tiers de la ville : « Il y a des affrontements à l’est et au sud. Les forces d’EI nous attaquent durement surtout sur le front est, mais la plupart de Kobanî est aux mains des YPG. Nous sommes coordonnés avec les Américains et nous les informons des positions d’EI. C’est un combat de rue, il est donc difficile de prendre de nouvelles zones dans la ville. »

Mais les pertes des Djihadistes sont lourdes, surtout en raison de leur façon souvent suicidaire de combattre. Un coordinateur de la Coalition, le général à la retraite John Allen, a ainsi estimé que dans l’assaut du 20 novembre, EI s’était « empalé lui-même sur Kobanî », perdant plus de 600 hommes. En décembre, l’Observatoire syrien des droits de l’homme donnait pour chiffre 905 tués parmi l’EI. De plus, les frappes aériennes ont eu pour effet de couper les routes qui permettait à EI d’envoyer des renforts, comme en témoigne Faris al-Qayyem, un commandant des Brigades révolutionnaires de Raqqa qui se bat aux côtés des Kurdes : « Avant les frappes aériennes, l’EI tenait des positions similaires à celles de maintenant, mais avec une plus grande force. Quand nous tuions 100 combattants, ils étaient immédiatement remplacés, en une journée, tout juste comme des fourmis. Maintenant leurs lignes d’approvisionnement sont coupées, leurs convois détruits. » (propos recueillis par Dominique Soguel, pour le CS Monitor).

Par ailleurs l’EI a, depuis le début d’octobre, investi 381 villages aux alentours et les tient toujours, alors que 200 000 réfugiés sont encore du côté turc. Mais avec la venue de l’hiver, près de 80 familles ont décidé de repasser la frontière, plutôt que d’affronter les rigueurs des températures dans les abris de fortune érigés à Suruç, où, notamment, le matériel médical et les médicaments manquent cruellement.

IRAN : GRÈVE DE LA FAIM DE 33 JOURS DANS LES PRISONS D’OURMIA

Le 20 novembre, 29 prisonniers politiques kurdes ont entamé une grève de la faim dans la prison d’Ourmia. L’un d’eux a été transféré dès la première semaine dans la prison de Mahabad : Il s’agit de Mansour Arvand, détenu politique condamné, attendant dans les « couloirs de la mort ». D’après Human Rights Activists News Agency (HRANA), qui a pu obtenir les témoignages d’autres prisonniers, Mansour Arvand a été emmené dans son nouveau lieu de détention menotté, les pieds enchaînés et aveuglé d’un sac sur la tête. D’autres prisonniers ont fait l’objet de « mesures disciplinaires » se traduisant par diverses brimades et humiliations. Ainsi, les détenus politiques de la 12ème section ont été, le jour des visites, dénudés et fouillés par les gardiens. Un autre prisonnier, Mohammad Abdullahi, devait être transféré du quartier des politiques à celui des meurtriers, mais les prisonniers s’y sont opposés.

La revendication majeure de ces détenus est précisément d’être séparés des droits communs (où un « politique » sera toujours en danger d’être soumis à la loi des bandes criminelles et mafieuses). Le piquant de l’affaire est que par ailleurs, ces mêmes prisonniers de droit commun (meurtriers ou trafiquants de drogue) transférés chez les politiques, ont eux aussi signé une requête collective pour être réintégrés dans la section correspondant à leurs crimes ou délits (peut-être parce qu’ils peuvent y bénéficier de la protection ou du soutien de leurs propres réseaux et peut-être de conditions de détention moins dures).

Deux semaines après le début de la grève, les autorités menaçaient toujours de transférer les grévistes dans la section des Narcotiques ou dans des villes éloignées, ou bien de voir s’accélérer les procédures d’application des peines de mort pour une dizaine d’entre eux. L’un des grévistes, Osman Moustafapour, a même été convoqué par le représentant du ministère du Renseignement, le 6 décembre, et un autre, Vali Afshari, par le chef des gardiens, afin de les persuader de mettre fin à cette grève. La santé des prisonniers a commencé de se détériorer et le 7 décembre, Alireza Rasooli a été admis à l’hôpital de la prison, en raison de son état de faiblesse. Mais il a refusé les injections de serum par intraveineuse, malgré la gravité de son état. La condition physique de plusieurs autres prisonniers est aussi critique. Il est à noter qu’Alireza Rasooli, atteint d’un cancer, a aussi entamé cette grève de la faim parce qu’on lui refuse des soins médicaux adéquats, et ce refus de soins est récurrent parmi les plaintes des détenus.

Parmi les grévistes, figure aussi l’avocat de certains d’entre eux, Masood Shamsnezhad, qui a fini par être arrêté par les autorités iraniennes pour « collaboration » avec ses clients, alors que sa licence d’avocat lui a été retirée en 2013, après son emprisonnement. En 2011, Masood Shamsnezhad s’était aussi porté candidat pour les élections parlementaires, mais le Conseil des Gardiens de la Révolution, chargé d’examiner les dossiers de tous les candidats afin de les autoriser à participer ou non aux élections, avait rejeté sa candidature. C’est deux ans plus tard, le 9 mai 2013, qu’il a été arrêté et emmené à la prison d’Ourmia accusé de propagande contre le régime (notamment pour avoir accordé plusieurs entretiens à des journaux kurdes à l’étranger), pour diffusion de « fausses informations » et appartenance à divers groupes d’opposition. On est sans nouvelle de certains détenus transférés, comme Salman Khalipour, envoyé à Kermanshan, détenu au secret et avec qui sa famille n’a plus aucun contact.

Le 18 décembre, le chef de la prison a promis aux détenus d’accéder à leurs demandes « une fois qu’ils auraient cessé leur grève » ce que ces derniers ont refusé. Le 21 décembre, au 32e jour de grève, les autorités iraniennes se sont montrées résolues à en finir avec le mouvement et des forces spéciales se sont déployées autour de la prison, prêtes à intervenir, à l’issue d’une rencontre entre le Conseil national suprême de la Sécurité, les services de renseignements (Itlaat), le Département de la police et le gouverneur d’Ourmia. Les participants ayant conclu qu’il fallait mettre un terme à cette grève par tous les moyens, les détenus ont été agressés et menacés. Mais les prisonniers n’ont pas renoncé à leur mouvement et au 24 décembre, un rapport de Human Rights Activists News Agency faisait état de 13 d’entre eux dont l’état de santé était critique. Deux d’entre eux, Ali Ahmad Soleymani et Khazar Rasoulizadeh ont été emmenés à l’hôpital de la prison mais ils ont refusé tout sérum.

Finalement, le 25 décembre à 11 heure du soir, les 27 prisonniers de la section 12 ont cessé leur mouvement, après 33 jours de grève de la faim, alors que les autorités ont enfin accédé à leurs demandes, comme l’un d’eux l’a confirmé à HRANA : « Les autorités de la prison ont promis d’accéder à toutes nos demandes et ont transféré 32 prisonniers apolitiques de la section 12, tandis que 13 politiques sont venus. Il reste cependant 20 prisonniers apolitiques dans la section 12 et la règle qui veut la « séparation des crimes » n’est pas encore entièrement appliquée ». Mais d’après lui, les autorités de la prison ont promis que la section 12 serait uniquement réservée aux politiques. Le seul détenu à continuer de refuser de s’alimenter est Alireza Rasooli qui n’a toujours pas reçu de traitement pour son cancer.

WASHINGTON : LE PDK ET L’UPK ENFIN RAYÉS DE LA LISTE DES ORGANISATIONS TERRORISTES

Le 13 décembre, il était annoncé dans la presse que le Parti démocratique du Kurdistan, dirigé par Massoud Barzani, et celui de l’Union patriotique du Kurdistan, dirigé, au moins nominalement, par Jalal Talabani, ne figuraient plus sur la liste des organisations terroristes établie par les États-Unis. La nouvelle a été confirmée le jour même par Brett McGurk, le vice-secrétaire d’État américain pour l’Irak et la Syrie, via son compte twitter : « Le congrès a adopté le NDAA (National Defense Authorization Act) avec une disposition retirant l’UPK et le PDK de la liste des organisations désignées en vertu des lois américaines sur l’immigration. Cette désignation injuste compliquait les procédures de visas pour beaucoup de Kurdes désireux de visiter les États-Unis. »

Alors que ni le PDK ni l’UPK n’ont jamais eu recours au terrorisme, que ce soit en Irak ou dans le reste du monde, ils avaient été tous deux placés sur cette liste noire en 2001, dans le cadre du Patriot Act, en tant que « groupe terroriste de niveau III » (Al Qaeda et EI étant de niveau I). Le climat de paranoïa sécuritaire suivant les attentats du 11 Septembre avait qualifié de « terroriste » tout mouvement d’opposition armée dans le monde même s’il s’agissait de groupes considérés comme des amis ou alliés des USA.

En février 2014, le président Massoud Barzani avait refusé de se rendre dans ce pays pour y rencontrer Obama, tant que les deux principaux partis du Kurdistan figureraient encore sur cette liste noire. En avril 2014, les deux sénateurs Robert Menedez et John McCain ont présenté un projet de loi pour en rayer les deux partis kurdes.

Selon Kamal Kirkuki, ancien président du parlement d’Erbil et un des hauts cadres du PDK, cette disposition va faciliter le soutien armé des États-Unis aux Kurdes, dans leur lutte contre Daesh et permettre à de nombreux Kurdes de se rendre aux États-Unis sans encourir le risque d’un refus arbitraire de visa.

STRASBOURG : LE GOUVERNEMENT RÉGIONAL DU KURDISTAN OBTIENT UN SIÈGE D’OBSERVATEUR AU PARLEMENT EUROPÉEN

Le Gouvernement régional du Kurdistan d’Irak a obtenu un siège d’observateur pour son représentant au Parlement européen dans toutes les sessions concernant les questions du Moyen-Orient. Dlawar Azhgevi, le représentant du GRK pour l’Europe, a expliqué au journal Basnews que c’était un souhait de longue date, de la part des officiels du GRK et que finalement, le département du Protocole et les dirigeants du Parlement européen ont accédé à leur souhait. Ces derniers mois, en raison de la crise irakienne et de l’aide humanitaire et militaire que reçoit le GRK, ses officiels ont été invités de nombreuses fois par le Parlement de l’UE pour débattre des questions régionales et surtout de la guerre contre l’État islamique. Les liens et les relations entre les Kurdes et les États-membres de l’Union européennes se sont ainsi renforcés et les rencontres diverses sont quasi mensuelles.

Le 23 décembre, Federica Mogherini, qui dirige les Affaires européennes au sein de l’UE, s’est ainsi rendue à Erbil, après avoir atterri en Irak le 22, où elle a rencontré le président irakien Fouad Massoum, le Premier Ministre Hayder al-Abadi et le ministre des Affaires étrangères Al-Jaffari, ainsi que le président du Parlement, Ibrahim al-Jabouri. À Erbil, Federica Mogherini a rencontré le président Massoud Barzani et son Premier Ministre, Nêçirvan Barzani. Dans une conférence de presse conjointe avec le président kurde, elle a mis l’accent sur le « combat commun » des Kurdes et de l’UE contre l’État islamique et a déclaré « très positive » la vision que l’Europe avait du GRK en assurant que l’envoi d’une aide militaire et humanitaire allait se poursuivre, se disant « reconnaissante » de l’accueil que les Kurdes faisaient aux réfugiés.

Mais abordant la question du référendum souhaité par les Kurdes concernant leur indépendance, Federica Mogherini a estimé que l’UE croyait que la puissance et la force de l’Irak « étaient dans son unité ». À cela, Massoud Barzani a répondu que la Région du Kurdistan avait droit à l’indépendance et que c’était au peuple du Kurdistan de se prononcer.