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avec revues de presse

Bulletin N° 195 | Juin 2001

 

LA VISITE EN FRANCE DE N. BARZANI


Le Premier ministre du Gouvernement régional kurde d'Erbil a effectué du 11 au 14 juin une visite diplomatique à Paris afin d'informer les responsables politiques français de la situation actuelle au Kurdistan irakien et de solliciter le soutien de la France pour la pérennisation de l'expérience d'auto-administration kurde.

La visite a commencé par un déjeuner de travail offert en son honneur par le Directeur du Proche-Orient et d'Afrique du Nord du Quai d'Orsay avec la participation de plusieurs hauts diplomates de cette direction. Puis la délégation kurde a été reçue conjointement par le conseiller diplomatique du Premier ministre français et le conseiller pour le Moyen-Orient de M. Védrine pour une discussion politique approfondie.

Le Premier ministre kurde a indiqué à ses interlocuteurs français que grâce au rétablissement de la paix interne dans la région kurde, depuis novembre 1997, et grâce aux 13% des revenus du programme "pétrole contre nourriture" de l'ONU affectés aux trois gouvernorats sous administration kurde, la situation économique, sanitaire et éducative ne cesse de s'améliorer dans le Kurdistan irakien. "La population qui reprend progressivement espoir reste toujours préoccupée par l'absence de garanties pour l'avenir. Le maintien de la protection aérienne de la région kurde et l'affectation de 13% des revenus de la vente du pétrole irakien sont indispensables à la survie de l'actuelle expérience d'auto-administration kurde. Pour les Kurdes il est d'une importance vitale que tout débat, tout arrangement sur les sanctions ou sur l'avenir de l'Irak prenne en compte ces deux demandes fondamentales de la population kurde" a ajouté M. Barzani qui a rappelé que c'est la France du Président Mitterrand qui avait été à l'origine de la fameuse résolution 688 de l'ONU sur le devoir d'ingérence qui a permis l'instauration d'une zone de protection kurde. "Paris doit dès lors veiller à la poursuite de cette protection en attendant l'instauration en Irak d'un régime démocratique garantissant à la population kurde un statut fédéral".

Le conseiller du Premier ministre français a indiqué que Lionel Jospin, qui connaît de longue date la question kurde, est très sensible au sort du peuple kurde. "Pour le Gouvernement français qui défend le respect de la diversité culturelle et les droits des minorités, les Kurdes irakiens doivent jouir de tous leurs droits légitimes dans un Kurdistan démocratique au sein d'un Irak démocratique. La diplomatie française prendra en compte les demandes légitimes de la population kurde que vous venez d'exprimer. Vous pouvez rassurer à ce sujet votre peuple. Il nous faut chercher ensemble avec nos amis et alliés les moyens d'améliorer le sort des populations civiles irakiennes tout en assurant la protection du peuple kurde" a-t-il poursuivi, avant d'appeler à la poursuite d'un dialogue régulier entre responsables kurdes et français.

Le Premier ministre kurde a ensuite rendu visite à Bernard Kouchner, ministre délégué à la Santé et ami de longue date de la cause kurde. Il l'a informé des développements récents au Kurdistan et sollicité son aide, notamment auprès des hauts responsables de l'ONU qu'il connaît bien, pour que les revendications des Kurdes irakiens reçoivent toute l'attention qu'elles méritent lors des débats sur les sanctions et l'avenir d'Irak. Tout en promettant de faire ce qu'il pourrait B. Kouchner a rappelé que les Kurdes devraient d'abord s'aider eux-mêmes en réglant leurs différends par le dialogue démocratique et en assurant leur unité. "Vos amis étrangers seront d'autant plus enthousiastes à vous aider que si vous vous montrez capables de vous unir et de gouverner votre région dans le respect des droits de l'homme et des principes démocratiques" a-t-il ajouté.

Avant de quitter Paris, M. N. Barzani a été l'hôte d'un dîner-débat présidé par Mme Mitterrand. Une trentaine de personnalités et de députés dont François Loncle, président de la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale ont participé à ce dîner auquel l'ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas a également tenu à assister. La veille, le Premier ministre kurde avait participé à un autre dîner-débat avec des personnalités kurdes et quelques amis de longue date de la cause kurde.

De son côté, le vice-Premier ministre du Gouvernement régional kurde de Souleimanieh, M. Adnan Mufti a effectué fin juin une visite à Paris, dans le cadre d'un périple européen. Au cours de cette visite il a été reçu au Quai d'Orsay par le sous-directeur du Proche-orient et d'Afrique du Nord. Le 22 juin, il a participé à un débat, organisé par le Forum irakien, dans une salle de l'Assemblée nationale sur "la situation au Kurdistan et en Irak". Le 23 juin, il a participé à une rencontre-débat avec la communauté kurde organisée par l'Institut kurde. Le 25 juin, il a été reçu par Mme Mitterrand, présidente de la Fondation France-Libertés (Voir revue de presse p. 92, pour un récit plus détaillé de cette visite).

IRAN : RÉÉLECTION SANS SURPRISE DE M. KHATAMI

Le président iranien Mohammed Khatami a remporté avec une forte majorité de 77% des voix l'élection présidentielle du 8 juin.

Cette victoire était attendue et prédite par la plupart des observateurs de la scène politique iranienne. Les autres candidats en lice, approuvés par la hiérarchie chiite faisaient office de figurants de la vitrine "démocratique" du régime ou de repoussoir.

Cette élection sans surprise a été caractérisée par un taux d'abstention record. Sur les 42 millions d'électeurs inscrits seulement 28 millions ont jugé utile de se rendre aux urnes. Un Iranien sur trois a donc boycotté le scrutin. Cette abstention record s'explique par la désullision d'une partie de la population qui ne croit plus à la capacité du président Khatami à promouvoir les réformes démocratiques qu'il promet lors de ses campagnes électorales. Malgré la forte majorité dont il dispose au Majlis (Parlement) et dans les conseils municipaux, le président iranien s'est montré incapable de s'opposer sérieusement à la mainmise sur les leviers essentiels du pouvoir des organes non élus truffés de prélats conservateurs. Il n'a même pas pu empêcher que ses fidèles partisans, voire certains de ses ministres, soient traînés dans la boue et embastillés pour délit d'opinions réformatrices par les tribunaux d'un "pouvoir judiciaire" contrôlé par le clergé chiite ultra-conservateur.

Dans le régime théocratique de la République islamique la Constitution confère au Guide de la Révolution, l'ayattollah Khamenei, un pouvoir absolu et à vie sur le législatif, l'exécutif et le judiciaire. Les lois ne peuvent être promulguées qu'après l'avis favorable d'un Conseil de surveillance non élu, formé de prélats. Le président et le Parlement élus par le peuple disposent dans ce système de prérogatives dont les limites sont fixées par le haut clergé chiite.

Le président Khatami, s'appuyant sur sa légitimité populaire a depuis 1997 bien essayé de faire évoluer ce système, à injecter une dose de démocratie dans la République islamique. Ses efforts ont suscité une certaine décrispation de la société et une libération de la parole. Cependant une fraction croissant de la population réalise que le système lui-même n'est ni amendable ni réformable. C'est elle qui a boudé la dernière élection présidentielle.

La réélection du président Khatami intervient dans une période où l'Iran est aux prises avec une grave crise économique et sociale. Le régime semble à bout de souffle. Tiraillé entre les aspirations réformatrices de ses électeurs (jeunes, femmes etc.) et la camisole de force d'un clergé conservateur considérant la moindre réforme comme une atteinte aux principes fondateurs de la République islamique le président Khatami risque de se trouver, tout au long de son second mandat sur le fil du rasoir. La course d'obstacles va commencer déjà par la formation de son gouvernement qui avant d'être investi par le Majlis doit obtenir l'approbation du Conseil de surveillance islamiste !

LA TURQUIE SE RESOUT À PAYER £2,5 MILLIONS AUX 247 VICTIMES KURDES DU DISTRICT DE LICE

La Turquie a décidé d’allouer 2,5 millions de livres sterling aux 247 victimes de la ville de Lice, province de Diyarbakir, qui accusaient auprès de la Cour européenne des droits de l’homme, l’armée turque d’avoir perpétré, le 22 octobre 1993, un massacre dans la ville. Première affaire collective auprès de la Cour de Strasbourg concernant la Turquie, le litige était arrivé en phase de jugement, mais la Turquie a préféré un règlement à l’amiable pour éviter une humiliation juridique. Reste que le montant concédé par Ankara constitue la plus importante somme jamais payée par la Turquie.

Le 22 octobre 1993, l’armée turque avait pris d’assaut le district de Lice, 15 civils avaient été tués et 22 autres avaient été blessés, 400 maisons et 250 négoces avaient été incendiés et détruits. Les autorités turques ont toujours nié la responsabilité de ces événements qu’elles ont attribué au parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). La ville de Lice est toujours une ville interdite, fermée à toutes les visites des observateurs, des parlementaires et des défenseurs des droits de l’homme. Aux dernières élections municipales, la ville a été emportée par le candidat du parti de la démocratie du peuple (HADEP), Zeynel Bagir, qui, proclamé persona non grata par l'armée dans le district, n’a jamais pu franchir Lice intra-muros.

Alors qu’après huit ans de procédures judiciaires, la Turquie a préféré un règlement à l’amiable au niveau de la Cour européenne des droits de l’homme, les autorités judiciaires turques n’ont pas avancé d’un pas, puisque l’affaire est toujours en instruction auprès de la cour de sûreté de l’Etat de Diyarbakir. De plus, la Cour européenne des droits de l’homme reste saisie de l’affaire de 250 autres victimes des massacres de Lice.

PARIS : VISITE MOUVEMENTÉE DU PRÉSIDENT SYRIEN

Le président syrien Bachar el-Assad a effectué du 25 au 27 juin une visite d'Etat en France.

Au cours de cette visite de trois jours, entourée d'une grande solennité, le jeune président syrien a été reçu par son homologue français Jacques Chirac, par le Premier ministre ainsi que par le nouveau maire de Paris. Au menu des entretiens, la situation au Proche-Orient, le Liban, les perspectives d'une relance éventuelle du dialogue israëlo-arabe et l'ouverture de l'économie syrienne sur le monde extérieur. La France se dit désireuse d'accompagner sur la voie des réformes et œuvrer pour un accord d'association entre l'Union européenne et la Syrie pour faire évoluer ce pays pétrifié par trente ans de dictature absolue du général Assad.

Le président syrien qui lors de son accession en pouvoir avait fait des promesses de démocratisation, restées sans lendemain, a essayé, lors de cette visite très médiatisée, d'améliorer l'image déplorable de son pays et de son régime. Dérogeant aux habitudes hautaines de son père, il a accepté d'être auditionné par la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale et de participer à une conférence de presse où nombre de questions peu amènes lui ont été posées. Sa réception à l'Hôtel de ville de Paris a été très chahutée par certains conseillers de Paris lui reprochant l'occupation militaire du Liban et ses propos récents hostiles aux juifs.

La communauté juive, à l'appel du CRIF, a menée une vaste campagne contre cette visite et organisé devant l'Assemblée nationale une manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers de personnes.

La communauté kurde s'est également mobilisée pour rappeler à l'opinion le sort des Kurdes en Syrie.

En effet, le 1,5 million de Kurdes de Syrie, qui peuplent les districts de Djézireh, Koban (Aïn Arab) et de Kurd Dagh, continuent d’être privés de droits culturels et linguistiques élémentaires. Ils ne sont toujours pas autorisés à publier de livres et des journaux dans leur langue, ils ne possèdent aucune école kurde, aucune émission en kurde à la radio ou à la télévision, ils n’ont pas le droit de créer leurs propres associations et partis.

Cette situation de déni de droit est particulièrement tragique pour les quelques trois cent mille " sans papiers " kurdes. Il s’agit des habitants de 332 villages kurdes de Djézireh qui dans les années 1960 ont été arbitrairement déchus de la nationalité syrienne dans le cadre d’une politique d’arabisation consistant à créer " une ceinture arabe " large de 10 à 15 km tout au long des frontières turque et irakienne afin de couper les districts kurdes de Syrie des territoires contigus du Kurdistan turc et irakien.

Ces Kurdes " sans papiers ", qui ne sont ni expulsables ni intégrés vivent en étrangers clandestins dans leur propre pays. Tolérés, ils ne peuvent se marier à la mairie, occuper un emploi public, être admis dans des hôpitaux et écoles publiques, avoir un compte bancaire à leur nom, voyager à l’étranger. Ces Kurdes espéraient que le nouveau président syrien ferait un geste en leur faveur pour les réintégrer. Aucun pas n’ayant été fait en ce sens, la plupart d’entre eux, sans avenir et sans espoir, dans leur pays, tentent d’émigrer vers l’Europe.

La communauté kurde de France et les organisations de défense des droits de l’homme ont appelé les autorités françaises à faire pression sur le président syrien pour la réintégration de ces Kurdes dans leur citoyenneté et pour que Damas reconnaisse enfin des droits culturels élémentaires à sa minorité kurde.

INTERDICTION DU PARTI FAZILET, TROISIÈME FORCE POLITIQUE TURQUE

La Cour constitutionnelle a, le 22 juin, dissous le parti de la Vertu (Fazilet), troisième force politique du pays avec 102 députés au Parlement, le parti Fazilet (Vertu) est, la 23ème formation politique interdite en Turquie depuis la fondation de la Cour constitutionnelle en 1962. Le Fazilet est le quatrième parti islamiste, lié à l'ex-Premier ministre Necmettin Erbakan, le patron de l'islam politique turc, à être interdit depuis 1972 après ceux de l'Ordre national (MNP), du Salut national (MSP) et de la Prospérité (Refah).

L'interdiction du parti d'opposition islamiste de la Vertu (Fazilet) compromet les aspirations européennes d'Ankara en ternissant son image en matière de respect de la liberté d'expression et de la démocratie, estiment les analystes. Elle montre qu'une partie de l'establishment turc ne désarme pas dans sa lutte contre l'islam politique, posé en menace principale pour la République laïque par l'armée. Même si le Premier ministre Bulent Ecevit en personne avait ouvertement exprimé ses réticences et son inquiétude sur les conséquences d'une telle mesure pour la stabilité du pays plongé dans une grave crise économique. Le chancelier autrichien Wolfgang Schuessel, de passage à Ankara, avait, le 21 juin, prévenu qu'une interdiction du parti ne serait pas accueillie "favorablement" par l'Union Européenne (UE), ajoutant qu'il "faut être très prudent dans les démocraties pluralistes" avec ce genre de décision. La dissolution du Fazilet va placer la Turquie en position délicate au cours du Conseil d'association Turquie-UE, organe de dialogue politique qui se réunit une fois par an, et qui aura lieu mardi prochain à Luxembourg pour faire le point sur le processus d'adhésion. " Le problème, c'est que les Turcs interdisent les partis politiques en fonction de ce qu'ils pourraient faire, et non de ce qu'ils font", souligne une analyste européenne.

Plus de dix partis de gauche, dont le Parti Communiste Uni de Turquie (TBKP) et le parti Socialiste (SP), ont été dissous depuis les années 60 sous l'accusation d'activités communistes, interdites en Turquie jusqu'en 1990.

La Cour constitutionnelle a également interdit une série de partis pro-kurdes. Le cas le plus célèbre est celui du Parti de la Démocratie (DEP) le 15 juin 1994. Quatre membre du DEP, dont Mme Leyla Zana, lauréate en 1995 du prix Sakharov du Parlement européen pour la liberté de pensée, purgent actuellement des peines de 15 ans de prison. D'autres partis pro-kurdes, notamment le Parti du Travail du peuple (HEP) et le Parti de la Liberté et de la Démocratie (OZDEP) ont également été dissous pour séparatisme. En février 1999, un parti pro-kurde modéré, le Parti démocratique des masses (DKP), dirigé par un ancien ministre, Serafettin Elci, a été interdit pour " atteinte à l'unité de la Turquie et prôné les différences régionales et ethniques dans son programme ".

Le Parti pro-kurde de la Démocratie du peuple (HADEP), qui a succédé au DEP et qui plaide en faveur d'une solution pacifique à la question kurde, fait actuellement l'objet d'une procédure de dissolution devant la Cour pour ses liens présumés avec le PKK, une accusation qu'il rejette catégoriquement.

L’IRAK ACCUSE LES AVIONS ALLIÉS DE LA BASE AÉRIENNE D’INCIRLIK D’AVOIR TUÉ 23 CIVILS

L'Irak a affirmé, le 20 juin, que des bombardements américano-britanniques sur un terrain de football du nord de l'Irak ont fait vingt-trois morts et onze blessés, alors que les autorités américaines et britanniques ont nié avoir tiré durant les deux derniers jours.

L'agence de presse irakienne INA a rapporté que des avions alliés ont tiré sur la localité de Tall Afar, à 440 km au nord-ouest de Bagdad, sans préciser l'heure à laquelle est survenue l'attaque. Les victimes ont été enterrées, a ajouté l'agence de presse.

Un porte-parole des forces américaines à la base aérienne d’Incirlik, dans le sud de la Turquie, d'où sont partis les vols alliés, a démenti tout bombardement. " Nous avons volé aujourd'hui (20 juin), mais nous n'avons (...) rien lâché ", a affirmé le major Scott Vadnais. Le major Ed Loomis, responsable des relations publiques auprès du commandant américain en Europe, situé à Stuttgart (Allemagne), a assuré que les troupes américaines n'avaient effectué aucun bombardement. " Nous avons volé hier (19 juin), dans le cadre d'une mission de routine dans la zone d'exclusion aérienne ", a-t-il simplement reconnu. Mais il a ajouté que l'appareil " a achevé sa mission sans lâcher de bombe et est revenu sans dommage à la base. Les allégations irakiennes sont totalement fausses ". INA avait rapporté, le 20 juin, que les forces alliées avaient tenté de bombarder une installation civile dans le nord de l'Irak, mais qu'elle avait été dissuadée par la défense aérienne irakienne. Bagdad a affirmé avoir touché un appareil, ce qui a été démenti par les Etats-Unis.

Le ministère de la Défense britannique a aussi nié avoir tiré sur des cibles irakiennes. " C'est faux. Ni les Américains ni nous-mêmes n'avons lâché de bombe hier ou aujourd'hui ", selon un communiqué. " C'est une autre tentative des autorités irakiennes pour désinformer leur public ".

Les avions des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne effectuent des patrouilles au-dessus des zones d'exclusion aérienne du sud et du nord de l'Irak, créées après la Guerre du Golfe en 1991. Le régime de Saddam Hussein ne reconnaît pas ces zones et considère ces vols comme des violations de son territoire. Depuis décembre 1998, les accrochages sont quasi-quotidiens. Le raid de mercredi intervient alors que le Conseil de sécurité de l'ONU s'apprête à examiner une proposition américano-britannique prévoyant une levée de l'embargo sur les biens de consommation destinés aux civils mais une stricte interdiction des biens considérés comme liés au domaine militaire.

STRASBOURG : LE CONSEIL DE L’EUROPE MAINTIENT LA TURQUIE " SOUS SURVEILLANCE DÉMOCRATIQUE "

L'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe a, le 28 juin, décidé de maintenir la Turquie sous " surveillance démocratique ", malgré " d'importants progrès constatés ". Au chapitre des satisfactions, les parlementaires ont relevé le " Programme national pour l'adoption de l'acquis communautaire ", en vue de l'adhésion à l'Union européenne, le cessez-le-feu annoncé du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), des réformes constitutionnelles (comme la suppression du juge militaire dans les cours de sûreté de l'Etat) et judiciaires notamment.

Mais de nombreux progrès restent à accomplir : éradiquer la torture, améliorer les conditions de garde-à-vue, abolir la peine de mort, modifier la loi sur le terrorisme qui ouvre la voie à l'arbitraire sur les " délits d'opinion ", lever l'état d'urgence dans les quatre provinces du Sud-Est, briser l'isolement des détenus des prisons dites de type F qui font la grève de la faim depuis plusieurs mois. Le rapporteur, Andras Barsony [ndlr : Hongrie, socialiste], a même affirmé au cours du débat que les conditions de détention dans les prisons turques étaient de bien meilleure qualité que dans beaucoup d'autres prisons européennes. Allez comprendre pourquoi alors les prisonniers turcs font des grèves de la faim !

Mais l'Assemblée a aussi condamné l'interdiction du Parti islamiste de la Vertu, principal parti d'opposition du pays, troisième force au Parlement turc jusqu’à sa dissolution, en adoptant un amendement qui avait été rédigé avec l'accord de ses cinq groupes politiques. La décision de la Cour constitutionnelle turque d'interdire ce parti est " contraire aux principes de la démocratie pluraliste " et " de nature à contribuer à l'instabilité politique au moment où la Turquie entreprend d'importantes réformes ", selon les parlementaires. Selon Andras Barsony, " il faut changer la Constitution pour que de tels faits ne se reproduisent pas ". " Une partie de la Constitution turque, fondée sur des principes datant de l’instauration de la République turque en 1923, n’est pas conforme aux critères en vigueur au Conseil de l’Europe " souligne le rapport qui demande à ce qu’Ankara collabore avec la commission de Venise [ndlr : Commission créée pour assister les anciens pays communistes à élaborer une Constitution conforme aux critères occidentaux]. Par ailleurs, le quotidien turc Hurriyet accuse, à la Une de son édition du 29 juin, Oya Akgonenç, députée islamiste de la Vertu (FP - dissous) et représentante de la Turquie au Conseil de l’Europe, d'avoir causé, par son absence, le vote, dans un des rapports du Conseil, des mots " le peuple kurde " au lieu de " citoyens turcs d’origine kurde ", expression officielle d’Ankara. " Oya Akgonenç, du parti Fazilet, étant dans les coulisses pour défendre son parti dissous, le terme " peuple kurde " est entré dans un des rapports du Conseil de l’Europe ", écrit Hurriyet. Les parlementaires du parti de l’Action nationaliste (MHP — ultra-nationaliste) sont rapidement montés au créneau. Huseyin Kalkan (MHP) a déclaré : " Y a-t-il une différence entre elle et Leyla Zana ?… Vous arrivez ici avec l’argent de l’Etat et vous critiquez la Turquie à droite et à gauche. C’est immoral. "

En outre, l'Assemblée reproche au gouvernement turc de refuser d'exécuter certains arrêts de la Cour européenne, notamment l'arrêt Loizidou, du nom d'une Chypriote grecque dépossédée de ses biens dans la partie nord de l'île, au moment de l'intervention de l'armée turque en 1974.

Il s'est pourtant trouvé quelques défenseurs de la Turquie dans l'Assemblée, tel le conservateur britannique John Taylor qui a affirmé qu'il ne se trouvait pas dans le camp des " casseurs de sucre " sur le dos de ce pays. Toutefois, l'Assemblée a rejeté la plupart des amendements turcs qui tentaient d'affaiblir ses critiques et notamment un amendement demandant la fin de la " procédure de suivi " (monitoring), le système de " surveillance démocratique " mis en place dans les pays jugés les plus fragiles.

ANSI QUE...

LE MINISTRE TURC DE L’INTÉRIEUR LIMOGÉ APRÈS UNE QUERELLE AVEC MESUT YILMAZ


Le ministre considéré comme le champion de la lutte anti-corruption en Turquie, Sadettin Tantan, a démissionné, le 6 juin, après avoir été rétrogradé du portefeuille de l'Intérieur à celui des Douanes.

Cette démission soulève des interrogations sur l'avenir de la lutte qu'il avait engagée depuis deux ans contre la corruption, l'un des fléaux de la Turquie, qui s'est engagée à remettre son économie en ordre au terme d'un programme d'austérité conclu avec le Fonds monétaire international (FMI) suite à une grave crise en février. Ses enquêtes avaient par contre plongé son propre parti dans l'embarras.

" Je démissionne car j'estime que la pratique dont j'ai fait l'objet est incompatible avec mes principes et mon approche de la politique " a déclaré le très populaire homme politique dans une déclaration écrite. Il s'est dit " déterminé " à continuer à lutter contre " toute forme d'injustice ", remerciant l'opinion publique pour son " grand soutien " à son travail.

M. Tantan a également quitté son parti de la Mère-patrie (ANAP), troisième partenaire de la coalition du Premier ministre Bulent Ecevit. Il était entré en désaccord avec le chef de l'ANAP, Mesut Yilmaz, sur des enquêtes anti-corruption sans précédent qui ont provoqué en avril 2001 la démission du ministre de l'Energie Cumhur Ersumer, membre du même parti.

La corruption, le troisième problème le plus important du pays, après l'inflation et le chômage. A tort ou à raison M. Tantan était perçu comme le Monsieur Propre par la population. En le limogeant l'ANAP donne le signal qu'il n'est pas vraiment du côté de la lutte anti-corruption, dans un pays où la confiance dans les hommes politiques est déjà au plus bas. La démission étale une fois de plus au grand jour la faiblesse du système turc des partis, où le chef a un contrôle absolu sur son organisation.

Les partis d'opposition de la Juste Voie (DYP) et de la Vertu (Fazilet), ont apporté leur soutien à M. Tantan.

M. Yilmaz avait récemment laissé entendre qu'il pourrait limoger son ministre auquel il reprochait son indépendance vis-à-vis du parti. " C'est le peuple qui choisit les députés mais c'est moi qui choisis les ministres ", avait-il déclaré demandant aux " traîtres " de quitter le parti. Les investigations menées par M. Tantan --un ancien policier réputé pour son honnêteté qui s'est lancé dans la politique dans les rangs de l'ANAP en 1994-- dans les milieux mafieux et son acharnement à lutter contre la corruption ont fait de lui un héros aux yeux de l'opinion publique turque. Certains membres du parti dont M. Yilmaz accusaient M. Tantan de transformer la Turquie en un véritable Etat-policier.

Son successeur, Rustu Kazim Yucelen, a assuré dans une première déclaration aux journalistes qu'il lutterait avec autant d'acharnement contre la corruption.

BILAN DU MOIS DE MAI 2001 DES VIOLATIONS DES DROITS DE L’HOMME AU KURDISTAN


Osman Baydemir, responsable de l’Association turque des droits de l’homme (IHD) à Diyarbakir, a, le 13 juin, rendu public le bilan de mai 2001 des violations des droits de l’homme au Kurdistan. Au cours d’une conférence de presse, M. Baydemir a attiré l’attention sur l’augmentation des affrontements armés dans la région : " Au mois de janvier 7, en février 1, en mars 11, en avril 13, en mai 23 personnes ont perdu la vie dans des combats ". Il s’est dit par ailleurs circonspect sur les dernières déclarations officielles relatives à la mort de 20 combattants du PKK dans le district de Yedisu, province de Bingol en mai 2001. M. Baydemir n’hésite pas à parler d"" exécutions extrajudiciaires " et souligne qu’une enquête est en cours avec un contre rapport médical. Voici le rapport de mai 2001 des violations des droits de l’homme :

- Nombre de placements en garde-à-vue : 111
- Nombre de personnes torturées : 39
- Nombre d’arrestations : 23
- Nombre de publications interdites dans la région sous état d’urgence (OHAL) : 17
- Nombre de pièces de théâtre et de communiqués de presse interdits : 4


LES FEMMES KURDES POURSUIVIES PAR LA JUSTICE TURQUE POUR AVOIR DÉNONCÉ LES VIOLS ET LES HARCELEMENTS AU KURDISTAN

La Cour de sûreté de l’Etat (DGM) d’Istanbul a, le 28 juin, procédé à l’audience de cinq femmes ayant participé en tant qu’intervenantes à une conférence contre le harcèlement sexuel et le viol. 19 femmes, dont Fatma Kara, Nahide Kilici, Zeynep Ovayolu, Fatma Karakas et Kamile Cigci, sont également poursuivies par le tribunal correctionnel de Beyoglu pour " séparatisme ". Les deux juridictions leur reprochent d’avoir mentionné les termes de " provinces kurdes " et " femmes kurdes " au cours de cette conférence tenue le 15 juin 2000. Au cours de l’audience, Me Gulizar Tuncer, avocat de la défense, a contesté le chef d’accusation en déclarant " les femmes kurdes comme d’autres sont victimes de viol. Raconter cela ne constitue en rien une infraction. Les procureurs des cours de sûreté de l’Etat peuvent ne pas reconnaître le peuple kurde, mais ils ne peuvent nier la réalité kurde ". De nombreux observateurs étrangers ont assisté à l’audience qui a été repoussée au 17 octobre 2001.

UNE " HISTOIRE DU KURDISTAN " INTERDITE EN TURQUIE

La Cour de sûreté de l’Etat d’Istanbul a ordonné la saisie du livre " Histoire du Kurdistan ", publié par les éditions Avesta et réalisé par des académiciens de l’Institut d’orientalisme russe. La cour a soutenu que " de la page 9, préambule du livre et jusqu’à la dernière page, soit la page 359, le livre n’est qu’une propagande contre l’Etat et la nation turcs et porte atteinte à l’intégrité indivisible du pays ".

L’éditeur, dans un communiqué de presse daté du 25 juin, a dénoncé la saisie et s’est étonné de constater qu’ " un livre de 390 pages ait été lu en une heure et puis interdit ".

LE PRÉSIDENT TURC OPPOSE SON VÉTO À LA LOI RENFORÇANT LE CONTRÔLE DES MÉDIA

Le président turc, Ahmet Nejdet Sezer, a, le 18 juin, opposé son veto à la loi relative au Conseil supérieur de la radio et de la télévision (RTUK) adoptée par le Parlement turc en considérant que la loi en question conduirait à une monopolisation des média et que les amendes infligées en cas d’infraction sont susceptibles de porter atteinte à la liberté de l’expression.

La nouvelle loi sur l’audiovisuel soumettait également l’Internet turc à une censure appliquant les règles de la presse écrite. Le texte est renvoyé devant le Parlement turc et si les parlementaires choisissent à nouveau de voter la loi dans les mêmes termes, le président n’aura plus d’autre choix que l’entériner.

LE PARLEMENT TURC ADOPTE UNE LOI CENSURANT L’INTERNET

Le Parlement turc a, le 7 juin, adopté une loi qui introduit des sanctions pour la diffusion d'informations mensongères ou de diffamation sur l'Internet et renforce les pénalités pour les radios et télévisions. Après un déluge de critiques en Turquie et à l'étranger, le gouvernement a cependant enlevé du projet de loi initial un article controversé demandant à tous les sites Internet de soumettre leurs pages aux autorités pour contrôle avant publication. Dans une lettre ouverte adressée au Premier ministre Bulent Ecevit, l'Institut international de la presse (IPI), basé à Vienne, avait, le 5 juin, condamné cet aspect du projet de loi, y voyant " une restriction de la liberté des médias et d'expression ".

La loi, qui amende les dispositions existantes, stipule que la propagation de fausses informations, la diffamation et autres actes de même nature sur les sites seront passibles d'amendes allant jusqu'à 100 milliards de livres turques (environ 85.000 dollars). Les amendements rendent en principe plus difficile la suspension temporaire de chaînes de radio ou télévision, une pratique courante en Turquie, pour atteinte à la pudeur, à la vie privée, à la structure familiale turque et aux règles morales générales ainsi que pour séparatisme. Le Haut Conseil de l'audiovisuel (RTUK), organisme de contrôle controversé, pourra d'abord suspendre le programme concerné -- et non toute la chaîne -- puis infliger une amende allant jusqu'à 200.000 dollars en cas de récidive. En cas d'une troisième infraction dans une période d'un an pour les mêmes motifs, la chaîne en question pourra voir sa licence révoquée pendant une période allant jusqu'à un an. En outre, les partis politiques, syndicats ou associations ne pourront pas créer des chaînes de télévision ou de radio. Depuis sa création en 1994, le RTUK a déjà suspendu pendant des laps de temps divers quelque 500 chaînes de radio et de télévision, selon les chiffres officiels. Outre les cinq chaînes de la télévision d'Etat TRT, la Turquie compte 13 chaînes privées nationales et plus de 200 chaînes locales. Le nombre de radios privées est estimé à environ 2.500.

PREMIÈRE BAVURE DANS UNE PRISON DE TYPE F À SINCAN, ALORS QUE LA GRÈVE DE LA FAIM COMPTE SA 26ÈME VICTIME

Selon le quotidien turc Milliyet du 25 juin, le Parquet de Sincan a ouvert une instruction contre sept gardiens de prison accusés d’avoir passé à tabac Mehmet Günes, détenu dans la prison de type F de Sincan. La bavure a été révélée lorsque M. Gunes, de retour d’un entretien avec son avocat, a été transporté aux urgences de l’hôpital Numune. Prétextant une fouille surprise, les sept gardiens ont battu le détenu dans sa cellule à l’abri des regards. Transporté aux urgences, les médecins ont demandé qu’il reste sous observation mais un commandant de la gendarmerie se trouvant sur place, jugeant qu’ " il n’a rien " l’a renvoyé en prison. Le médecin légiste a donné trois jours d’arrêt de travail au détenu. Le Parquet, tout en décidant d’ouvrir une instruction contre les sept gardiens, a conclu que le gendarme avait accompli sa mission en renvoyant le détenu en prison. En apprenant l’instruction, les sept gardiens ont décidé de porter plainte contre le détenu en soutenant que : " ce n’est pas nous qui l’avons passé à tabac mais c’est lui qui nous a battus " !

C’est la première affaire mettant directement en cause les prisons de type F dont l'établissement reste toujours très contesté, les prisonniers craignant de faire objet de torture et de sévices dans des cellules. Une grève de la faim lancée depuis 253 jours continue dans les prisons turques. Fin juin, 26 personnes avaient perdu la vie : Zehra Kulaksiz étant décédée le 29 juin des suites de 223 jours de grève de la faim. Les prisonniers contestent les nouveaux établissements, constitués de cellules, dit de type F, et revendiquent les prisons composées de dortoirs, où ils craignent moins les comportements arbitraires de l’administration pénitentiaire.

LA COMMUNAUTÉ ASSYRO-CHALDÉENNE BARRICADÉE AU KURDISTAN

Le quotidien turc Milliyet du 15 juin dénonce sous le titre de " la pensée d’Hitler persiste ", l’oppression subie par la communauté assyro-chaldéenne du Kurdistan du fait des décisions discrétionnaires et arbitraires du ministère de l’Intérieur turc. Selon le quotidien, le ministère turc de l’Intérieur a interdit tout accès de la région jusqu’à la fin de l’année 2001, particulièrement aux étrangers désireux de s’y rendre pour des recherches scientifiques et le tourisme. Un jour après la destitution du ministre de l’Intérieur, les autorités régionales ont été informées que cette décision a été modifiée sous certaines conditions. Alors que le Premier ministre Bulent Ecevit avait promis l’autorisation de retour des Assyro-chaldéens dans leur région, le ministère de l’Intérieur reste sourd à cela. Dans la nouvelle décision, il est stipulé que " les étrangers devraient informer les autorités 48 h à l’avance ", que " les tours opérateurs devraient être en relation directe avec la gendarmerie ", qu’ " il est interdit d’y séjourner la nuit ", que " les visites devront être effectuées accompagnées d’un guide ".

CIVILS KURDES VICTIMES DE L’EXPLOSION D’UNE MINE AU KURDISTAN

Cinq combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan, dont trois d'origine syrienne, ont été, le 6 juin, tués par l'armée turque lors d'affrontements dans la province d'Hakkari. Les affrontements ont opposé une unité de soldats en patrouille dans une région rurale et un groupe de combattants dans cette province frontalière avec l'Iran et l'Irak.

Par ailleurs, trois civils ont été tués et cinq autres blessés à Silopi, le 12 juin, à la frontière avec l'Irak, par l'explosion d'une mine. Un camion transportant dans sa remorque des ouvriers qui devaient travailler dans les champs au petit village de Derebasi a sauté sur une mine. Les victimes ont trouvé la mort sur le coup.

Le 27 juin, trois combattants du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) ont été tués par l'armée turque lors d'affrontements dans la province de Diyarbakir. Deux soldats ont par ailleurs été blessés par l'explosion d'une mine dans la province de Sirnak.

LE PRIX DES DROITS DE L’HOMME HELLMANN-HAMMETT 2001 DÉCERNÉ À SANAR YURDATAPAN

Le Comité d’observation des droits de l’homme dont le siège est à New-York, a décidé de décerner le prix Hellmann-Hammett 2001 à Sanar Yurdatapan pour ses activités en faveur de respect des droits de l’homme en Turquie.

Sanar Yurdatapan est le président de la Campagne pour la liberté de l’expression en Turquie. Une cour militaire devrait se prononcer sur cette campagne où 16 personnalités ont cosigné un livre contenant 60 articles écrits par des prisonniers de conscience, condamnés auparavant par la justice turque. Les 16 intellectuels sont poursuivis sur le fondement de l’article 162 du code pénal turc interdisant toute reproduction d’une publication préalablement condamnée par les autorités.

277 MIGRANTS CLANDESTINS, MAJORITAIREMENT KURDES, INTERCEPTÉS EN TURQUIE

Les garde-côtes turcs ont, le 23 juin, intercepté en mer de Marmara 277 migrants clandestins, majoritairement kurdes, dont 35 femmes et 22 enfants, à bord d'un cargo ukrainien qui devait se rendre en Italie. Les garde-côtes avaient reçu des renseignements selon lesquels des candidats à l'émigration quittaient des chalutiers pour embarquer sur un cargo en mer de Marmara, au large de la province turque de Tekirdag (nord-ouest).

L’ARMÉE TURQUE VEUT PASSER LA MAIN À LA GENDARMERIE AU KURDISTAN

Fikret Bila, journaliste au quotidien Milliyet, annonce dans ses colonnes du 28 juin " une nouvelle période dans le Sud-est ", en prenant en considération l’annonce de la délégation de compétence dans les régions kurdes de l’armée de terre au commandement de la gendarmerie. Le journaliste indique que le 1er septembre 2001, les compétences d’ordre public confiées jusqu’alors au 6ème Corps-d’armée, basé à Adana, commandant dans six provinces, seront transmises à la gendarmerie et que la région sous le contrôle du 9ème corps d’armée fera de même par la suite. Le journaliste souligne que le ministre turc de l’Intérieur, Rüstü Kazim Yücelen, a annoncé la décision " au vu des succès obtenus dans la lutte contre la terreur " dans les régions.