Le Prix Sakharov décerné à deux femmes kurdes yézidies

mis à jour le Jeudi 27 octobre 2016 à 19h09

Le Prix Sakharov pour la Liberté de l'Esprit a été décerné par le Parlement européen à deux jeunes femmes kurdes yézidies : Nadia Mourad Bassi Taha et Lamiya Aji Bachar.

Selon le Parlement Européen « Nadia Mourad Bassi Taha et Lamiya Aji Bachar ont toutes deux survécu à l'esclavage sexuel auquel les avait soumises l'État islamique (EI) et sont devenues les porte-parole des femmes victimes des violences sexuelles de cette organisation terroriste. Elles sont les porte-drapeaux de la communauté yézidie en Iraq, une minorité religieuse qui a été la cible d'un génocide perpétré par les combattants de l'EI. »

Ces deux militantes rejoignent ainsi une autre figure de la cause kurde, Leyla Zana, lauréate du Prix Sakharov en 1994. Première femme kurde élue députée, elle a passé dix ans dans la prison turque pour sa défense pacifique de droits du peuple kurde.

Grand défenseur de droits de l'homme et de la liberté de l'Esprit, l'académicien soviétique Andreï Sakharov était connu aussi pour son engagement en faveur de la cause kurde. Membre du comité de parrainage de l'Institut Kurde de Paris, il avait, en octobre 1989, tenu à envoyer à la conférence internationale sur le sort du peuple kurde, organisé par l'Institut Kurde, son épouse Yelena Bonner pour le représenter. Son message se terminait ainsi :

« Le combat tragique du peuple kurde qui dure depuis si longtemps prend sa source dans le principe du droit à l'autodétermination des peuples et c'est pourquoi il est juste.

J'appelle les gouvernements, les organisations et les citoyens de tous les pays ainsi que les organisations internationales à tenir compte, dans leurs relations avec les pays où vivent les Kurdes, de la politique réelle que les dirigeants de ces pays mènent envers les Kurdes. Aucune manifestation de cruauté, aucune injustice nationale et sociale, aucune atteinte aux droits de l'homme et aucun génocide ne doit rester inaperçu et sans conséquences pour les pays qui l'ont permis.»

Il aurait sans doute été heureux de savoir que le Prix international portant son nom ait été décerné à des jeunes femmes kurdes luttant courageusement pour la dignité humaine et pour la liberté.