La ministre au revolver

Info - 9 novembre 2005

COMMEtous les peshmergas, les combattants kurdes, j'ai un revolver. Dans la voiture, pas dans mon sac, je perdrais du temps à le dégainer." Aucune complaisance pour les armes chez Narmin Othman, ministre irakienne de l'environnement, mais la simple évidence d'une vie toujours dangereuse.

 En août, elle a échappé à un attentat à 100 km au nord de Bagdad. "Une bombe a explosé sur la route, puis nous avons été attaqués. Je ne me suis pas servie du revolver, j'ai dirigé mes gardes du corps. Des peshmergas, très courageux. On s'en est sortis. Trois ont été blessés." A-t-elle eu peur ? "Non. Quand j'ai décidé de faire de la politique, je savais que c'était dangereux. Et le danger était plus grand sous Saddam Hussein."

Info
Née en 1950 près d'Arbil, dans le Kurdistan irakien, Narmin Othman baigne dans la politique : "Ma famille s'y consacrait, elle croyait qu'on pourrait construire un nouveau pays pour le peuple." A Bagdad, elle étudie les sciences et les mathématiques. Et participe à un groupe d'étudiants dont les leaders, parmi lesquels son mari, sont arrêtés en 1974. Son époux est torturé, puis sera libéré en 1979, à la suite d'une campagne d'Amnesty International.

Mais le couple reste surveillé, et Narmin Othman sera elle-même plusieurs fois arrêtée, pour de courtes périodes. "Ils m'accusaient d'exciter mes étudiants, à Arbil, où j'enseignais." Son mari milite au sein du parti kurde, mais la vie devient trop dangereuse et la famille s'exile en Suède, d'où elle ne reviendra qu'en 1992. Entre-temps, le frère, le beau-frère et l'oncle de Narmin Othman auront été arrêtés et tués par le régime.

En 1999, elle devient ministre de l'éducation du Kurdistan irakien. Avant d'être appelée au gouvernement à Bagdad en 2004 ­ l'année où son mari, son "plus cher ami" , meurt. Elle s'occupe des droits des femmes, puis, depuis mai 2005, de l'environnement et des droits de l'homme. "Je veux travailler pour le peuple. Un bon environnement est un moyen d'améliorer la vie des ge ns."

H. K.
Article paru dans l'édition du 10.11.05