Encore 6 Kurdes exécutés en Iran, dont Mohammad Amin Abdullahi, prisonnier politique depuis 11 ans

mis à jour le Jeudi 8 decembre 2016 à 18h03

Le Phenix Kurde (BLOG)

“A ce jour, 103 États ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, 6 l’ont aboli pour les crimes de droit commun, et 32 respectent un moratoire sur les exécutions, soit 141 États au total. En revanche, la peine de mort est toujours appliquée dans 58 États et territoires” indique le site du ministère français des Affaires étrangères. Parmi ces pays, les Etats-Unis bien sûr. Et l’Iran, où les Kurdes sont les principales victimes de la peine capitale sous les prétextes les plus divers.

La semaine dernière, vingt ont été exécutés par pendaison malgré de sérieux doutes quant à l'équité de leur procès et au respect de la procédure. Ceux là étaient soupçonnés d’avoir attaqué les forces de sécurité iraniennes. Le mardi 9 août 2016, six autres ont subi le châtiment suprême, cinq (originaires d’Urmia) pour trafic de drogue, un pour s’être engagé dans la défense des droits des Kurdes. Mohammad Amin Abdullahi, puisque c’est de lui qu’il s’agit, avait 35 ans. Il était de Bokan. Il avait été arrêté de façon arbitraire en 2005 et croupissait depuis en prison. Sa condamnation à mort avait été confirmée par la cour suprême ben 2014. Le 29 mai 2016, il avait entamé une grève de la faim pour demander un nouveau procès, équitable. Grève qu’il avait interrompue 32 jours plus tard en échange de la promesse d’un nouveau procès. La promesse des autorités iraniennes n’a donc pas été tenue.

Mustafa Ahmadyan, l’avocat de Mohammad Amin Abdullahi, a indiqué que son client avait clamé son innocence jusqu’au bout: «Jusqu'au dernier moment avant son exécution [Abdollahi], il a critiqué la déclaration de culpabilité, je l'ai dit aux juges que l'accusation selon laquelle Abdollahi était la possession d'armes était fausse, car Abdollahi n'a jamais touché une arme à feu.“ Il n’a pas été entendu. Son client s’est toujours considéré comme un prisonnier politique kurde. Juste avant son exécution, il a d’ailleurs écrit une lettre à la justice iranienne exigeant un procès équitable. Là encore, en vain.

Human Rights Watch a déclaré cette semaine que l'Iran avait exécuté au moins 230 personnes depuis le début de l'année. En ce qui concerne les vingt Kurdes pendus la semaine dernière, le Haut Commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme a qualifié ces exécutions de "graves” et a dénoncé une “injustice irréversible”. Des mots qui n’ont pas touché Téhéran, en guerre ouverte contre les peshmergas du PDKI qui ont fini par reprendre les armes il y a quelques mois, faute de voir la trêve qu’ils avaient déclarée unilatéralement suivie de gestes concrets pour les droits des Kurdes.

Pire, la famille de Mohammad Amin Abdullahi n’a pas été autorisée à récupérer le corps. Selon des militants de Human Rights Activists News Agency in Iran (HRANA), les autorités de la prison centrale ont confirmé l'exécution de Mohammad Abdollahi, mais elles ont refusé de livrer son corps à sa famille et leur ont interdit de tenir des funérailles dans une mosquée.

Pour la famille Abdullahi, la torture mentale continue. Un frère de Mohammad Amin Abdullahi est toujours prisonnier politique dans une geôle iranienne.