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Turquie : 12 morts dans une sanglante attaque des rebelles kurdes


Dimanche 30 septembre 2007 à 10h11

ANKARA, 30 sept 2007 (AFP) — Douze personnes ont été tuées et deux autres blessées samedi dans le sud-est de la Turquie dans l'attaque la plus sanglante de ces dernières années perpétrée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, séparatiste) qui lutte depuis 1984 contre le pouvoir central turc.

L'incident s'est produit vers 17H00 heure locale (14H00 GMT) près de la petite ville de Beytüssebab, dans la province de Sirnak, frontalière avec l'Irak, a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche le gouverneur local Selahattin Apari.

"Des séparatistes et terroristes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ont mitraillé un minibus transportant quatorze personnes, tuant 12 de ses occupants dont sept gardiens de village", a dit le responsable sur la chaîne d'information NTV.

Les "gardiens de village" sont une milice paramilitaire kurde recrutée et armée par Ankara pour assurer la protection des villages du sud-est anatolien contre les rebelles du PKK qui ont déclenché il y a 23 ans une lutte pour l'indépendance. Celle-ci a fait jusqu'à aujourd'hui plus de 37.000 morts.

Les personnes blessées dans le mitraillage de samedi ont été hospitalisées et leur vie ne serait pas en danger.

Une vaste opération de l'armée est en cours pour capturer les responsables de cette "lâche" attaque, souligne un communiqué du bureau du gouverneur.

L'armée avait déjà intensifié ses opération de ratissage dans cette zone où des heurts ont eu lieu la semaine dernière, faisant plusieurs morts dans les rangs du PKK.

L'attaque du minibus est la plus meurtrière du PKK de ces dernières années dans cette zone peuplée majoritairement de Kurdes. Elle rappelle des attaques similaires qui visaient des civils aux premières années de l'insurrection de ce mouvement.

Dimanche, le quotidien à grand tirage Hürriyet s'en est pris au parti pro-kurde (DTP, parti pour une société démocratique) qui est pour la première représenté au Parlement turc qui refuse de reconnaître le PKK comme une organisation terroriste, parlant plutôt de "jeunes dans la montagne".

"Voici les assassins qui vous appelez +les jeunes dans les montagnes+", s'exclamait le quotidien.

Les membres du PKK détestent les "gardiens de village" qui refusent de s'allier à eux et s'en prennent régulièrement aux familles qui rejoignent cette milice de plusieurs milliers d'hommes payés par l'Etat.

La Turquie estime que des milliers de rebelles du PKK, tolérés ou soutenus selon elle par les Kurdes d'Irak, alliés des Etats-Unis, utilisent le nord de ce pays comme base arrière pour déclencher des opérations dans le sud-est de la Turquie.

Le nombre de ces attaques a augmenté depuis le début de l'année après une dernière trêve unilatérale du PKK qui a duré cinq ans.

Ankara et Bagdad viennent de signer vendredi après plusieurs jours de longues discussions dans la capitale turque un accord prévoyant une lutte commune contre ces rebelles retranchés dans plusieurs camps du Kurdistan irakien, notamment dans la montagne de Qandil.

Mais le document ne prévoit pas d'autoriser les Turcs à pourchasser les rebelles en territoire irakien -à l'image de ce qui se passait dans les années 1990 avant l'occupation américaine de 2003-, comme le souhaitait vivement le gouvernement turc.

Ce dernier n'exclut pas l'option militaire contre les bases du PKK, considéré comme une organisation terroriste par la Turquie, les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son chef, Abdullah Öcalan, purge depuis 1999 une peine de prison à vie pour "trahison et séparatisme" sur une île-prison du nord-ouest de la Turquie où il est le seul détenu.

Il est néanmoins toujours considéré comme le dirigeant de l'organisation.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.