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Saddam Hussein fait face aux accusations d'une ancienne pechmerga


Lundi 11 septembre 2006 à 12h16

BAGDAD, 11 sept 2006 (AFP) — Le président déchu Saddam Hussein a été confronté lundi, à la reprise de son procès pour génocide contre les populations kurdes, aux accusations d'une ex-combattante kurde, qui a raconté les atrocités vécues après un bombardement chimique du Kurdistan.

Dans le même temps, un kamikaze, conduisant un véhicule bourré d'explosifs, s'est fait exploser près d'un centre de recrutement de l'armée à Bagdad, tuant quatorze recrues se trouvant à bord d'un minibus, dont les corps ont été carbonisés.

Deux Irakiens, un policier et un ex-responsable de sécurité ont été tués dans le sud du pays.

Le procès de Saddam Hussein et de six de ses lieutenants, ouvert le 21 août, a repris en milieu de matinée, après une suspension de trois semaines.

Vêtu d'un costume sombre, l'ex-homme fort de Bagdad a pris la parole en cours d'audience pour défendre le drapeau irakien, que les autorités kurdes autonomes ont refusé de reconnaître comme l'emblème national.

"Le drapeau accroché derrière vous, nous en avons hérité et je ne l'ai pas conçu", a déclaré Saddam Hussein à l'adresse du juge, ajoutant que sa seule intervention avait été d'ajouter l'expression "Allah Akbar" (Dieu est grand) afin que personne ne puisse jamais l'enlever.

"Je vous parle en ma qualité d'étudiant en histoire. Nous avons hérité de ce drapeau. Et nous ne l'avons pas arboré durant la campagne militaire d'Al-Anfal" en 1987-88, a-t-il dit, avant que le son de son micro ne soit coupé.

Saddam Hussein et six de ses lieutenants sont accusés d'avor ordonné et mis en oeuvre les campagnes de répression Anfal (butin de guerre, selon le titre de la huitième sourate du Coran), qui auraient fait jusqu'à 180.000 morts au Kurdistan en 1987 et 1988.

Saddam a continué à parler pendant cinq autres minutes, sans que la presse sache ce qu'il a dit.

Une ancienne pechmerga, qui a troqué son uniforme pour un tailleur bleu marine, a témoigné, à visage découvert, des atrocités commises par le régime de Saddam Hussein contre les zones peuplées Kurdes, au moment où elles militait dans les rangs des peshmergas.

Cette femme, une chrétienne, Katherine Elias Mikhail, a raconté que le 5 juin 1987, alors que l'unité de pechmergas qu'elle avait rejointe était déployée dans une vallée du Kurdistan, des avions de type Soukhoï ont bombardé le secteur à l'arme chimique.

Elle a affirmé avoir vu des dizaines voire des centaines de personnes gazées.

"Elles vomissaient du liquide, étaient pliées en deux de douleur, l'estomac en feu, et commençaient à perdre la vue. Certaines ont récupéré par la suite la vue, d'autres sont restées aveugles", a-t-elle dit.

Les six co-accusés étaient présents, y compris Ali Hassan al-Majid, surnommé Ali le chimique pour son rôle dans les bombardements chimiques des zones kurdes.

Un des avocats de Saddam Hussein, un Tunisien, a annoncé lundi son retrait de l'équipe de défense. Cet avocat, dont l'identité n'a pas été dévoilée, a justifié sa décision par le refus du juge de le laisser s'exprimer.

Le juge Abdallah al-Ameri, qui préside le Haut tribunal pénal irakien, a en effet déclaré "que selon la loi irakienne, les experts arabes et étrangers sont autorisés uniquement à conseiller l'avocat principal de la défense".

Me Khalil al-Doulaïmi, avocat attitré de Saddam Hussein, était absent;

La défense a demandé un nouveau délai, estimant qu'elle n'avait pas eu assez de temps pour se préparer.

En début d'audience, l'avocat Badih Aref, qui défend un des co-accusés Farhan Saleh al-Motlaq al-Joubouri, a protesté contre l'attitude du procureur, l'accusant de guider les témoins à travers des hochements de tête.

Selon un responsable américain proche du Haut tribunal pénal, trois audiences sont prévues cette semaine, avec l'audition de six témoins à charge.

Saddam Hussein et ses six coaccusés ont refusé de plaider coupable ou non coupable, à l'ouverture du procès.

La reprise lundi du procès coïncide avec le jour anniversaire des attentats du 11-septembre contre le World Trade Center à New York et le Pentagone à Washington.

Aux Etats-Unis, les liens supposés de Saddam Hussein avec le groupe d'al-Qaïda, avancés par le gouvernement américain comme justification de l'invasion de l'Irak, ont été réfutés par le Sénat américain.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.