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Procès kurdes: le cousin de Saddam reconnaît avoir ordonné des exécutions


Jeudi 11 janvier 2007 à 20h17

BAGDAD, 11 jan 2007 (AFP) — Le cousin de Saddam Hussein, Ali Hassan al-Majid, accusé de génocide contre les Kurdes, a reconnu jeudi devant le tribunal avoir ordonné l'exécution de villageois qui avaient refusé de quitter leur foyer lors d'une opération anti-kurde à la fin des années 1980.

Ali Hassan al-Majid, dit "Ali le Chimique" s'est retrouvé au premier plan à la reprise du procès devant le haut tribunal pénal irakien à Bagdad, prenant la chaise de l'ex-président irakien pendu le 30 décembre après avoir été condamné pour son rôle dans la mort de 148 chiites dans les années 1980.

Lui et les cinq autres accusés, des ex-hauts responsables, risquent la peine de mort si leur responsabilité est prouvée dans les opérations militaires Anfal menées en 1987 et 1988 et au cours desquelles 180.000 personnes ont été tuées dans des exécutions de masse ou des bombardements chimiques selon l'accusation.

Ali Hassan al-Majid s'est exprimé d'un ton calme et mesuré, qui tranche avec les explosions de colère dont Saddam Hussein avait été coutumier.

"Oui j'ai donné des instructions pour que ces villages soient décrétés zones interdites et j'ai ordonné aux troupes d'arrêter toute personne qu'elles trouveraient dans ces zones et de les exécuter après les avoir interrogées", a-t-il dit.

"Je suis responsable d'expulsions (d'habitants de leurs villages) et j'ai pris seul cette décision, sans m'en référer à la hiérarchie militaire ou aux responsables du parti Baas. Je le reconnais devant le tribunal et devant Dieu", a-t-il ajouté.

Mais cet ancien responsable du commandement nord, qui doit son surnom à des accusations de gazage de civils kurdes, a nié toute responsabilité dans l'exécution de 300 combattants kurdes évoqués par l'accusation.

Il a dit avoir, en revanche, "écrit une missive à Saddam le martyr, que Dieu ait son âme, qui les avait graciés".

Dans des enregistrements audio présentés par le procureur et entendus durant cette 35e audience du procès, une voix qui semble être celle d'Ali Hassan al-Majid accuse tous les kurdes d'être des "saboteurs" et affirme avoir reçu une lettre de l'actuel président, le Kurde Jalal Talabani, l'appelant à des négociations et suggérant des concessions en échange de l'arrêt des démolitions des villages kurdes par le gouvernement.

Pour cette deuxième audience depuis la pendaison de Saddam Hussein, le tribunal avait disposé différemment les chaises dans le box des accusés, passés de sept à six. "Ali le chimique" s'est ainsi retrouvé sur la chaise qu'occupait Saddam Hussein, au premier plan.

Lundi, le juge Mohammed al-Oreibi al-Khalifa avait officiellement annoncé l'abandon des poursuites contre Saddam Hussein.

Pour leur défense, les accusés expliquent que les campagnes Anfal au Kurdistan (nord) constituaient un exemple classique de lutte anti-guérilla, dans le cadre de la guerre Iran-Irak (1980-1988).

La prochaine audience a été fixée au 23 janvier.

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Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.