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Les Etats-Unis paraissent approuver tacitement l'incursion turque en Irak


Mardi 18 decembre 2007 à 21h57

WASHINGTON, 18 déc 2007 (AFP) — Le gouvernement américain s'est gardé mardi de soulever une quelconque objection à une incursion militaire turque dans le nord irakien, qu'il s'était pourtant beaucoup employé à empêcher par peur d'une déstabilisation d'une des régions les moins volatiles d'Irak.

Il n'a pas dit explicitement soutenir cette entreprise militaire embarrassante pour lui et vivement dénoncée par les autorités kurdes d'Irak.

Mais, dans ce qui ressemble à l'approbation d'opérations terrestres turques ciblées dans le nord de l'Irak, l'administration Bush a insisté sur la "menace" représentée selon elle par l'organisation visée par les forces turques, et sur la volonté des Etats-Unis de continuer à aider la Turquie à la combattre, tout en appelant son allié turc à éviter les victimes civiles.

Elle a laissé sans réponse claire des questions sur le degré d'implication américain dans l'incursion de mardi ou sur les échanges qui ont pu la précéder entre Turcs et Américains.

Selon le gouvernement du Kurdistan irakien, environ 300 soldats ont mené mardi la première opération terrestre turque dans le nord de l'Irak depuis que le parlement turc a autorisé de telles incursions en octobre pour combattre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), rebelles kurdes de Turquie qui se servent du Kurdistan irakien comme base arrière.

A l'époque, l'administration avait beaucoup fait pour réfréner la Turquie.

Mardi, c'est tout juste si le gouvernement américain a confirmé la réalité de cette incursion, qui pose à nouveau la question de la souveraineté de l'Irak et surtout du cas qu'en font les voisins de l'Irak alors que les Etats-Unis la proclament avec force.

Un porte-parole du Pentagone, Bryan Whitman, a refusé de confirmer que les troupes turques sont entrées en Irak. La porte-parole de la Maison Blanche, Dana Perino, a invoqué les informations "contradictoires" en provenance du Kurdistan, avant de corroborer du bout des lèvres.

"Mais ils font cela depuis des années. C'est une nouvelle opération (...) mais ce n'est pas nouveau sur la durée", a-t-elle dit.

En visite surprise en Irak, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a parlé de "l'intérêt commun" qu'ont la Turquie, l'Irak et les Etats-Unis "à stopper les activités du PKK qui menacent la stabilité du nord et ont fait des morts en Turquie".

Le PKK est considéré comme une organisation terroriste par Ankara, Washington et l'Union européenne.

A ce titre, les Etats-Unis se sont engagés auprès de la Turquie à partager le renseignement avec elle et "continueront" à le faire pour l'aider à lutter contre le PKK, en attendant un règlement politique avec les gouvernements turc et irakien, a dit M. Whitman, au Pentagone.

Dimanche, l'armée turque avait procédé à des bombardements aériens et d'artillerie turcs sur des villages irakiens de la zone frontalière, visant selon elle des positions du PKK. Le Parlement et le gouvernement irakiens ont condamné ces frappes comme une atteinte à la souveraineté du pays et se sont émus des victimes civiles qu'elles ont faites selon eux.

Le Pentagone n'a pas confirmé que ces frappes aient reçu un accord tacite américain, comme l'a affirmé l'état-major turc.

Mais le gouvernement américain a assuré presser son allié turc de faire preuve de retenue.

"Dimanche dernier, il s'agissait d'une décision turque. Nous avons exprimé clairement nos inquiétudes au gouvernement turc sur toute action qui pourrait entraîner des victimes civiles ou déstabiliser le nord" de l'Irak, a dit Mme Rice.

"Nous avons demandé à la Turquie de veiller à ce que les opérations soient ciblées et limitées", a dit la porte-parole du président George W. Bush.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.