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Le Conseil de l'Europe redemande la libération du leader pro-kurde Demirtas


Mercredi 23 decembre 2020 à 13h46

Strasbourg, 23 déc 2020 (AFP) — Le Conseil de l'Europe a redemandé mercredi la libération du leader pro-kurde Selahattin Demirtas, emprisonné depuis 2016 en Turquie, au lendemain d'une condamnation d'Ankara par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) dans ce dossier qui a provoqué l'ire du président Recep Tayyip Erdogan.

"Selahattin Demirtas doit être libéré de prison -- et libre d'exercer de nouveau sans plus de délais ses droits politiques dans une société démocratique", ont indiqué dans un communiqué les rapporteurs de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE) pour le suivi de la Turquie.

Ancien député et ex-coprésident du Parti démocratique des peuples (HDP, pro-Kurde), Selahattin Demirtas est emprisonné depuis novembre 2016, quelques mois après le putsch manqué de juillet contre M. Erdogan. Il est accusé par Ankara de "terrorisme" et risque jusqu'à 142 années de prison dans son principal procès.

Il est détenu depuis plus de quatre ans dans les geôles turques, ont rappelé deux des rapporteurs, Thomas Hammarberg et John Howell. "Notre assemblée a souligné à plusieurs reprises que la place des députés est au Parlement, pas en prison", ont-ils ajouté.

"La libération immédiate de Selahattin Demirtas constituerait (...) un signal fort et significatif de la volonté de la Turquie de respecter les jugements" de la CEDH ainsi que son "engagement fort" à respecter "les valeurs fondamentales liées à son appartenance au Conseil de l'Europe", vigie des droits de l'homme sur le continent et qui avait déjà demandé, en vain, la libération de M. Demirtas, ont estimé les rapporteurs.

Émanation du Conseil de l'Europe, la CEDH a rendu mardi un arrêt cinglant dans le dossier Demirtas, relevant plusieurs violations de la Convention européenne des droits de l'homme.

L'arrêt, qui exigeait déjà la libération "immédiate" de l'opposant, a suscité mercredi les foudres du président turc, M. Erdogan condamnant une "décision entièrement politique" et "hypocrite".

Par ailleurs, quelques heures après la publication de cet arrêt, le site internet de la CEDH a été victime d'une cyberattaque massive qui l'a rendu inaccessible entre mardi à partir de 17H40 jusqu'en milieu de matinée mercredi, a indiqué le service de presse de la Cour.

La CEDH dit ignorer pour l'instant l'origine de cette attaque qui n'a a priori pas occasionné de perte de données, relevant simplement qu'elle s'était produite après la publication de l'arrêt condamnant Ankara.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.