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HRW condamne le transfert "illégal" en Turquie de dizaines de Syriens


Mercredi 3 février 2021 à 12h03

Beyrouth, 3 fév 2021 (AFP) — L'ONG Human Rights Watch a condamné mercredi les "transferts illégaux" vers la Turquie d'une soixantaine de Syriens arrêtés dans le nord-est de la Syrie après une offensive turque fin 2019.

"Non seulement ces Syriens ont été transférés illégalement en Turquie pour y être poursuivis de manière abusive mais, adoptant une position extrêmement cruelle, les tribunaux ont imposé la peine la plus lourde en Turquie: la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle" pour au moins cinq d'entre eux, a indiqué Michael Page, directeur régional adjoint de HRW, cité dans un communiqué.

La Turquie et des groupes rebelles syriens, ses alliés, ont arrêté 63 Syriens --des Arabes et des Kurdes-- entre octobre et décembre 2019 dans la zone frontalière de Ras al-Aïn, dans le nord-est de la Syrie, selon l'organisation de défense des droits humains.

L'offensive menée en octobre 2019 a permis à Ankara de s'emparer d'une bande frontalière de 120 kilomètres de largeur à l'intérieur du territoire syrien.

La Turquie a mené plusieurs opérations militaires dans le nord de la Syrie contre les forces kurdes qu'elle qualifie de "terroristes".

Les Syriens arrêtés sont accusés d'"atteinte à l'unité et à l'intégrité territoriale, (...) d'appartenance à une organisation terroriste et de meurtre" en raison de leurs liens présumés avec des groupes kurdes opposés à Ankara, a indiqué HRW, qualifiant ces accusations de "douteuses" et "vagues".

Selon elle, les autorités turques ne disposent pas de preuve que ces détenus ont commis des crimes ou faisaient partie de groupes combattants kurdes.

En tant que "puissance occupante", la Turquie est "tenue de respecter (...) le droit relatif à l'occupation, y compris l'interdiction de la détention arbitraire et du transfert de personnes vers son territoire", a souligné M. Page.

L'ONG n'a pu confirmer que 63 transferts mais, selon elle, des éléments indiquent que près de 200 Syriens pourraient avoir été transférés en Turquie.

La Turquie a maintes fois été épinglée par des organisations internationales pour des abus constatés dans les régions qu'elle contrôle en Syrie.

La Haute-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme Michelle Bachelet a mis en garde en septembre contre une croissance de la violence et de la criminalité dans les zones conquises par Ankara et ses alliés, notamment à Ras al-Aïn et Tal Abyad.

Son bureau a signalé une recrudescence de meurtres, d'enlèvements, de transferts illégaux de personnes ainsi que de confiscations de terres et de biens.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.