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Des millions de dollars de pertes au Kurdistan, les Américains intraitables


Mercredi 26 septembre 2007 à 15h42

SOULEIMANIYEH (Irak), 26 sept 2007 (AFP) — Les pertes s'accumulaient mercredi pour l'économie du Kurdistan irakien après la fermeture de sa frontière avec l'Iran, alors que le commandement américain a répété qu'un Iranien arrêté récemment dans cette région était un dangeureux agent.

"La région kurde perd chaque jour environ un million de dollars", a assuré à l'AFP Mohammed Raouf, ministre du Commerce de la région autonome dans un entretien à Souleimaniyeh (330 km au nord de Bagdad).

Lundi, Téhéran a fermé cinq postes-frontières entre la province iranienne de Kermanshah (ouest) et le Kurdistan, pour protester contre la détention de son ressortissant, capturé le 20 septembre.

Depuis, des files de camions sont bloquées en Iran, d'où provient la majorité des produits alimentaires, des équipements domestiques et des appareils électroniques en vente sur les marchés du Kurdistan, qui bénéficie depuis plus de quinze ans d'une large autonomie économique et politique.

"Cette situation paralyse toutes nos importations. Des biens, estimés à des millions de dollars, sont bloqués à la frontière où ils s'accumulent chaque jour", a déploré M. Raouf.

"Les prix ont déjà augmenté depuis hier à Souleimaniyeh", a encore assuré M. Raouf.

Déjà mardi, un marchand d'Erbil, Doulair Hakki Mohammed, avait averti : "Si la frontière reste fermée nous devrons nous tourner vers des produits syriens et turcs, malgré leurs prix élevés".

Parmi les commerçants, l'inquiétude a encore grandi mercredi. "Beaucoup de nourriture et des biens périssables risquent d'être avariés", s'est plaint Yacine Mohammed, 50 ans, importateur. "Je peux perdre beaucoup d'argent parce que ces marchandises ont été payées à l'avance".

L'Iran a décidé de fermer sa frontière avec le Kurdistan pour protester contre l'arrestation le 20 septembre dans cette région par l'armée américaine d'un Iranien accusé d'être un agent impliqué dans la fourniture d'armes à des rebelles irakiens.

Cette mesure risque d'avoir des conséquences graves sur la région autonome irakienne, mais aussi sur les entreprises iraniennes qui font des échanges avec le Kurdistan, selon des officiels et des experts kurdes.

Téhéran a démenti les accusations américaines, affirmant que l'homme arrêté, Mahmoudi Farhadi, était un responsable travaillant pour la province iranienne de Kermanshah.

Les autorités iraniennes ont exigé sa libération, tout comme le président irakien Jalal Talabani, lui-même kurde, qui a estimé que cette arrestation était "illégale".

"De nombreux commerçants de Souleymaniyeh m'ont demandé d'intervenir auprès des Américains pour faire libérer" l'Iranien et permettre ainsi la réouverture de la frontière, avait commenté mardi le président Talabani

"Nous avons un grand respect pour le président Talabani et pour le gouvernement irakien", lui a répondu mercredi devant la presse le général Kevin Bergner. "Mais nous avons une mission en Irak qui est de prendre les mesures adéquates pour aider le gouvernement à améliorer la sécurité dans le pays."

Il a assuré que l'Iranien arrêté "était un agent de la brigade al-Qods (réputée être le fer de lance des opérations extérieures des Gardiens de la Révolution iraniens), chargé d'entraîner des réseaux rebelles en Irak et de leur fournir des armes sophistiquées utilisées contre le peuple irakien, l'armée irakienne, et les forces de la coalition".

"Nous avons informé les responsables irakiens de ce que nous avons appris sur cet officier, et je pense qu'il y a une prise de conscience au sein du gouvernement irakien de qui est cet individu et de ce qu'il tramait", a ajouté le général Bergner.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.