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Turquie: l'UE inaugure un hôpital de 400 lits à la frontière syrienne


Mardi 6 decembre 2022 à 15h50

Kilis (Turquie), 6 déc 2022 (AFP) — L'Union européenne a inauguré mardi un hôpital flambant neuf de 400 lits, à un jet de pierre de la frontière entre la Turquie et la Syrie, théâtre fin novembre d'un regain de tension entre l'armée turque et les combattants kurdes.

L'ambassadeur de l'UE Nikolaus Meyer-Landrut a profité d'une accalmie pour inaugurer l'établissement, le plus gros de la province, situé dans la ville de Kilis (sud-est), à cinq kilomètres à vol d'oiseau de la frontière.

Ce projet, financé à hauteur de 50 millions d'euros par l'UE, est l'un des plus importants jamais mis en place par les 27 dans le pays, qui ont alloué plus de 10 milliards d'euros à la Turquie depuis 2014 en contrepartie de l'accueil de réfugiés, principalement syriens.

L'hôpital, à la façade décorée pour l'occasion des drapeaux turcs et européens, doit venir soulager la province dont la population a explosé depuis 2011 avec l'arrivée de quelque 90.000 réfugiés syriens, débordant l'unique établissement de la ville.

"La Turquie accueille la plus grande population de réfugiés au monde depuis plus de dix ans (plus de 4 millions de réfugiés, dont 3,7 millions de Syriens, NDLR) et Kilis est l'une des provinces les plus concernées", avec 38% de Syriens parmi sa population, a rappelé M. Meyer-Landrut.

Ankara et Bruxelles avaient conclu en 2016 un accord, critiqué par les défenseurs des droits humains, aux termes duquel la Turquie s'engageait à lutter contre le passage de migrants vers l'Europe, en échange notamment d'une aide financière, allouée depuis à une multitude de projets dont des écoles et des centres de santé pour réfugiés.

"Depuis 2016 - si on compare avec les chiffres de 2014-2015 - on peut voir que les chiffres (le nombre d'arrivées de migrants aux frontières de l'UE) ont diminué de manière drastique", s'est félicité le diplomate, interrogé par l'AFP.

"Cela a marché et c'est, bien sûr, dans l'intérêt commun de la Turquie et des Européens", a-t-il estimé.

A Kilis, l'ambassadeur s'est gardé d'évoquer les récentes menaces turques d'opération terrestre contre les combattants kurdes, de l'autre côté de la très proche frontière, affirmant simplement qu'"une solution politique est nécessaire" pour mettre fin au conflit en Syrie et permettre le retour des réfugiés.

La ville est pourtant en première ligne côté turc: il y a quinze jours, un militaire et sept policiers ont été blessés par une roquette tombée sur le poste-frontière d'Öncüpinar, dix kilomètres plus au sud, en réponse aux frappes lancées quelques heures plus tôt par la Turquie sur le nord de la Syrie et des positions de combattants kurdes.

Ankara a accusé le Parti de Travailleurs du Kurdistan (PKK) et ses alliés des Unités de protection du peuple (YPG) d'avoir perpétré l'attentat qui a fait six morts et 81 blessés au coeur d'Istanbul le 13 novembre.

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.