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Syrie: les Kurdes remettent à la France 12 orphelins de familles jihadistes


Lundi 10 juin 2019 à 12h44

Qamichli (Syrie), 10 juin 2019 (AFP) — Douze orphelins français de familles jihadistes, qui avaient été recueillis dans des camps de déplacés du nord-est de la Syrie, ont été remis dimanche à une délégation française, a annoncé lundi un responsable des autorités locales kurdes.

Une délégation néerlandaise est également venue chercher le même jour deux orphelins originaires des Pays-Bas, d'après la même source.

Les enfants français, dont le plus âgé a dix ans, vivaient dans deux des camps tenus par les forces kurdes, où ont été accueillies des dizaines de milliers de personnes ayant fui les offensives contre le dernier bastion du groupe jihadiste Etat islamique (EI).

Les responsables kurdes ont remis "12 orphelins français issus de familles de l'EI à une délégation du ministère français des Affaires étrangères", a déclaré Abdel Karim Omar, un haut responsable des Affaires étrangères de l'administration autonome kurde, non reconnue par la communauté internationale mais qui contrôle des territoires du nord-est syrien.

Il a indiqué que l'opération s'était déroulée dimanche dans la localité d'Aïn Issa, près de la frontière avec la Turquie, et ajouté que deux orphelins néerlandais avaient aussi été remis à une délégation gouvernementale de leur pays.

Un responsable kurde parlant sous couvert de l'anonymat a précisé que les orphelins français se trouvaient dans les camps d'al-Hol et Roj, et que les Néerlandais étaient hébergés dans celui d'Aïn Issa.

Les autorités kurdes s'attendent à ce qu'un autre groupe d'orphelins français soit remis prochainement à la France.

Après avoir conquis l'ultime fief des jihadistes dans l'est syrien, au terme d'une offensive soutenue par une coalition internationale emmenée par Washington, les combattants kurdes et arabes des Forces démocratiques syriennes (FDS) ont proclamé le 23 mars la défaite du "califat" de l'EI.

Les autorités kurdes administrent aujourd'hui dans le nord-est de la Syrie plusieurs camps de déplacés surpeuplés, tout particulièrement celui d'Al-Hol, et où les conditions de vie sont très précaires.

Pour désengorger le camp d'Al-Hol, elles avaient, début juin, laissé rentrer dans leurs foyers quelque 800 femmes et enfants syriens.

- "Au cas par cas" -

Parallèlement, elles réclament depuis plusieurs mois le rapatriement des femmes et des enfants de jihadistes étrangers.

Deux Américaines et six enfants, issus de familles liées à l'EI en Syrie, avaient été rapatriés la semaine dernière aux Etats-Unis.

Les rapatriements les plus importants de familles de jihadistes ont concerné jusqu'à présent le Kazakhstan, l'Ouzbekistan et le Kosovo.

En France, le gouvernement, soumis à la pression des familles, a été sommé fin mai par le Défenseur des droits de venir en aide aux enfants de jihadistes français retenus en Syrie, en faisant cesser les "traitements inhumains" qu'ils subissent dans les camps.

A ce sujet, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a réaffirmé la "position constante" de la France, qui étudie les situations "au cas par cas" et ne rapatrie que des orphelins ou des enfants avec l'accord de leur mère.

Jusqu'ici, cinq orphelins étaient revenus le 15 mars et une fillette de trois ans le 27 mars, dont la mère a été condamnée à la prison à perpétuité en Irak.

Selon le Quai d'Orsay, environ 450 ressortissants français liés à l'EI --hommes, femmes et enfants-- sont en prison ou retenus dans des camps de déplacés en Syrie.

Onze Français affiliés à l'EI ont été transférés en début d'année de Syrie en Irak, où ils ont récemment été condamnés à la peine de mort.

Pour Paris, qui refuse de rapatrier et de juger les Français liés à l'EI détenus en Irak ou par les Kurdes de Syrie, leur procès par Bagdad est une alternative qui permet de régler un casse-tête juridique.

Opposée à la peine de mort, la France assure intervenir "au plus haut niveau" pour éviter qu'ils ne soient pendus, tout en soulignant que leurs procès se sont tenus "dans de bonnes conditions".

Les informations ci-dessus de l'AFP n'engagent pas la responsabilité de l'Institut kurde de Paris.